Résumé de la décision
La Garde des sceaux, ministre de la justice, a annoncé le 19 novembre 2019 l'intention de créer une nouvelle cour administrative d'appel à Toulouse, une décision contestée par l'Ordre des avocats au barreau de Montpellier et la commune de Montpellier. Ces derniers ont formé des recours devant le Conseil d'État, demandant l'annulation de cette décision pour excès de pouvoir. Après avoir examiné les arguments avancés, le Conseil d'État a rejeté les requêtes en considérant que la décision de la Garde des sceaux ne méconnaissait pas ses compétences, ne souffrait pas d'irrégularités et que le choix de Toulouse ne revêtait pas d'erreur manifeste d'appréciation. En conséquence, toutes les demandes, y compris celles concernant l'article L. 761-1 du code de justice administrative, ont été rejetées.
Arguments pertinents
1. Compétence de la Garde des sceaux : Il a été établi que la création d'une cour administrative d'appel requiert un décret en Conseil d'État. Ainsi, la décision annoncée par la Garde des sceaux ne constitue qu'une intention et n’a pas d’effet juridique direct. Le Conseil d'État rappelle que "la création effective d'une nouvelle cour administrative d'appel [...] ne pourra résulter que d'une modification par décret en Conseil d'État de l'article R. 221-7 du code de justice administrative".
2. Lien avec la ville de Toulouse : Les requérants ont allégué une irrégularité liée aux liens économiques d'une société ayant réalisé une étude pour le choix d'implantation. Toutefois, le Conseil d'État a jugé que "la part de son activité avec ces collectivités ne permet pas à elle seule de supposer qu'elle serait dans une situation de dépendance" et a écarté cette argumentation.
3. Critères de choix de l'implantation : Le Conseil d'État a considéré que le choix de Toulouse était fondé sur des critères objectifs tels que les délais et le coût des travaux, ainsi que l’accessibilité pour les justiciables, affirmant qu'aucune erreur manifeste d'appréciation n'était incriminable.
Interprétations et citations légales
La décision du Conseil d'État fait référence à plusieurs dispositions légales, notamment :
- Code de justice administrative - Article R. 221-7 : Cet article précise que la création et l'implantation d'une cour administrative d'appel nécessitent un décret, soulignant ainsi la nécessité d'une procédure formelle pour produire des effets juridiques. Le Conseil d'État souligne que “la fixation de son siège et la détermination de son ressort ne pourront résulter que d'une modification par décret”.
- Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article stipule les dispositions relatives à la prise en charge des frais de justice et des honoraires d’avocat. Les requêtes des parties concernant le remboursement n’ont pas été accueillies, le Conseil d'État déclarant que les demandes “tendant à l'application des dispositions de l'article L. 761-1” ne peuvent être acceptées en raison du rejet des recours principaux.
Ces éléments juridiques montrent que le Conseil d'État a rigoureusement appliqué le cadre légal tout en affirmant la compétence des autorités en matière de décision administrative.