Résumé de la décision
Dans cette affaire, les sociétés L'avenir en Europe-Lotissement, RG Investissements et les Roses contestent la décision de la Commission nationale d'aménagement commercial qui a rejeté leur recours contre l'autorisation d'un projet commercial de la société du Mas Rous et de la société Alinéa à Perpignan. Le 17 décembre 2018, la cour administrative d'appel de Marseille a jugé leur requête irrecevable. Le Conseil d'État, statuant en cassation, a confirmé cette décision en soulignant que les sociétés requérantes n'avaient pas démontré un intérêt personnel, direct et certain à contester l'autorisation, et a ordonné chacune d'entre elles de verser 1 500 euros à la société du Mas Rous en application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Absence d'intérêt à agir : Le Conseil d'État a affirmé que les propriétés des sociétés requérantes (bailleurs de locaux commerciaux et propriétaires de terrains à proximité) ne conféraient pas à elles seules un intérêt suffisant pour contester l'autorisation d'exploitation commerciale. La cour a noté que "ni la qualité de propriétaire bailleur de locaux commerciaux, ni la qualité de propriétaires de terrains situés à proximité immédiate du projet ne suffisent, à elles seules, à conférer un intérêt personnel, direct et certain à contester une autorisation d'exploitation commerciale."
2. Absence de concurrence directe : Le Conseil d'État a également constaté que le projet d'équipement mobilier "Alinéa" n'affectait pas directement l’activité de la société RG Investissement, exploitant de la marque "Decathlon". Les conclusions en ce sens ont été jugées "souveraines" et exemptes de dénaturation, renvoyant à l’évaluation des impacts de projets concurrentiels.
3. Motivation suffisante : Le tribunal a relevé que l’arrêt de la cour administrative d'appel était suffisamment motivé et que les requérants n'étaient pas fondés à soutenir le contraire.
Interprétations et citations légales
1. Code de commerce - Article L. 752-17 : Cet article stipule que la décision d'une commission départementale d'aménagement commercial peut être contestée par toute personne ayant un intérêt à agir, mais que "une personne propriétaire de locaux commerciaux situés dans les limites de la zone de chalandise d'un projet d'équipement commercial n'a intérêt à demander l'annulation de l'autorisation que s'il est susceptible d'affecter son activité de façon suffisamment directe et certaine." Cette précision montre que le lien direct entre l’impact économique sur l’activité commerciale et la situation juridique est primordial dans l'admissibilité des recours.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article régit les frais de justice et les dépens. Il a été utilisé ici pour ordonner aux requérants de payer une somme à la société adverse. Le juge a justifié cette décision en précisant que les conclusions des sociétés requérantes en vertu de cet article de loi ne pouvaient être retenues, et qu’il était approprié de faire supporter des frais à ceux qui ont perdu leur recours.
Cette décision illustre l'importance d'un lien direct et concret d'impact commercial pour justifier une contestation d’autorisation d’exploitation commerciale, ainsi que le rôle des juges dans l’évaluation des intérêts en jeu dans ce type de litiges.