Résumé de la décision
Dans l'affaire opposant l'université Lumière Lyon 2 à M. A..., ce dernier avait été sanctionné par une interdiction d'exercer pendant un an pour harcèlement sexuel. Cependant, en 2020, le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) avait annulé cette décision, prononçant la relaxe de M. A.... L'université a porté l'affaire devant le Conseil d'État. Ce dernier a annulé la décision du CNESER, considérant qu'il avait dénaturé des éléments du dossier en attribuant un courriel à la victime présumée qui n'en était pas l'auteur. L'affaire est renvoyée au CNESER pour une nouvelle examination.Arguments pertinents
1. Sur la qualification des faits : Le CNESER a jugé que M. A... n'avait pas commis le harcèlement reproché, se basant en partie sur un courriel d'excuse supposé de la victime. Cependant, le Conseil d'État a noté que ce courriel n'émanait pas de la victime, ce qui a conduit le CNESER à "déformer des pièces du dossier". Cette inexactitude a conduit à une mauvaise qualification des faits.2. Sur la nécessité de réexaminer l'affaire : Le Conseil d'État a statué qu'en raison de l'erreur de qualification des faits par le CNESER, l'université Lumière Lyon 2 était en droit de demander l'annulation de la décision attaquée, rendant inutile l'examen des autres moyens du pourvoi.
3. Sur les frais de justice : Concernant les demandes de frais exposés, le Conseil d'État a décidé qu'il n'était pas justifié de mettre à la charge de M. A... ou de l'université Lumière Lyon 2 des sommes au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'éducation : Bien que spécifiquement non cité dans le texte, la référence à du droit disciplinaire implique que ce code encadre les sanctions applicables aux enseignants. La légitimité des sanctions disciplinaires dépend de la justesse des procédures d'instruction et de la qualification précise des faits reprochés.2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Ce texte stipule que la partie perdante d'un litige administratif peut être condamnée à payer une somme à l'autre partie pour les frais exposés. Dans ce cas, il a été précisé que l'université n'étant pas partie perdante, aucune somme ne devait être mise à sa charge. La décision de rejet des conclusions de M. A... en raison de son statut de partie perdante a également été soulignée.
3. Sur la déformation des preuves : Le Conseil d'État a mis en évidence la répercussion notable de la déformation des preuves dans la prise de décision en déclarant que "la qualification inexacte des faits" entache la validité de la décision rendue par le CNESER. Cette argumentation touche au respect du principe du contradictoire et à l'exigence d'une instruction rigoureuse dans les affaires disciplinaires.
Cette décision souligne l'importance de la rigueur dans l'interprétation des éléments de preuve et dans l'établissement de la vérité matérielle, notamment dans les cas de harcèlement, où les enjeux pour la réputation et la carrière des personnes impliquées sont considérables.