Résumé de la décision
La Fédération nationale de l'enseignement privé (FNEP) a soulevé une question prioritaire de constitutionnalité concernant l'article 39 de la loi du 22 juillet 2013, rapportant des doutes sur sa conformité avec la Constitution. Cet article permet à l'État d'expérimenter des modalités d'enseignement dans le cadre des formations supérieures. Cependant, le tribunal a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, considérant que le moyen soulevé par la FNEP ne présentait pas de caractère sérieux. La décision précise que les contestations de la FNEP n'affectent ni les droits ni les libertés garantis par la Constitution, notamment en ce qui concerne l'égalité de traitement entre établissements publics et privés.
Arguments pertinents
1. Compétence législative : La cour a statué que la méconnaissance de la compétence du législateur ne peut justifier une question prioritaire de constitutionnalité que si cela affecte un droit ou une liberté garantis par la Constitution. L'article 37-1 de la Constitution n'étant pas une disposition à ce titre, la FNEP ne pouvait pas fonder sa contestation sur cet aspect.
> « Or l'article 37-1 de la Constitution n'est pas au nombre des dispositions comportant des droits ou libertés garantis par la Constitution. »
2. Objectif d'accessibilité : De plus, le tribunal souligne que la contestation liée à l'accessibilité et à l'intelligibilité de la loi ne constitue pas, en elle-même, une base pour soulever une question prioritaire de constitutionnalité.
> « La méconnaissance de l'objectif de valeur constitutionnelle d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi ne peut, en elle-même, être invoquée à l'appui d'une question prioritaire de constitutionnalité. »
3. Principes d'égalité et de liberté : La décision note que l'article 39 n'accorde pas de prérogatives supplémentaires aux universités par rapport aux établissements privés. L'argument selon lequel il y aurait une discrimination entre ces établissements est rejeté.
> « La FNEP ne peut en tout état de cause soutenir, à l'appui de sa question prioritaire de constitutionnalité, que le système de conventions entre établissements [...] méconnaîtrait le principe d'égalité. »
Interprétations et citations légales
L'interprétation de la loi repose sur plusieurs articles de la Constitution et de lois organiques :
- Constitution - Article 37-1 : Cet article énonce les compétences respectives de l'État et de la loi, affirmant que toute mesure de nature législative doit respecter les droits et libertés constitutionnels. Cependant, comme mentionné, cet article ne fait pas partie des droits ou libertés garantis.
- Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-5 : Cet article explique les conditions de saisine du Conseil constitutionnel sur une question prioritaire de constitutionnalité, incluant l'idée que la question doit être nouvelle ou sérieuse pour être examinée.
> « Il résulte des dispositions de ce même article que le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité à la triple condition que... la question soit nouvelle ou présente un caractère sérieux. »
En conclusion, la décision indique que, selon l’analyse des arguments et le cadre législatif en vigueur, la question soulevée par la FNEP ne saurait être jugée sérieuse au point de nécessiter une saisine du Conseil constitutionnel. La FNEP a été notifiée de cette décision, qui a également été adressee aux ministères concernés.