Résumé de la décision
La société Sotourdi a contesté la conformité à la Constitution de l'article L. 752-23 du code de commerce, qui permet au préfet de mettre en demeure un exploitant de fermer des surfaces de vente exploitées illégalement et d'imposer une astreinte de 150 euros par mètre carré. La société soutenait que ces dispositions méconnaissaient l'objectif d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi, ainsi que le principe de nécessité et de proportionnalité des peines. Le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer la question au Conseil constitutionnel, considérant que les arguments soulevés n'étaient pas recevables.
Arguments pertinents
1. Accessibilité et intelligibilité de la loi : Le Conseil d'État a statué que la méconnaissance de l'objectif d'accessibilité et d'intelligibilité de la loi ne peut pas être invoquée dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) selon l'article 61-1 de la Constitution. Cela signifie que les dispositions contestées ne peuvent pas être jugées sur ce fondement.
2. Nature de l'astreinte : L'astreinte prévue par l'article L. 752-23 du code de commerce est considérée comme un moyen de contraindre l'exploitant à respecter ses obligations, et non comme une peine au sens de l'article 8 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Le Conseil d'État a précisé que l'astreinte ne doit pas être interprétée comme une sanction punitive.
3. Liberté d'entreprendre : Le Conseil d'État a également noté que la question de l'atteinte à la liberté d'entreprendre, soulevée par la société requérante, n'avait pas été présentée devant le tribunal administratif et ne pouvait donc pas être examinée pour la première fois devant le Conseil d'État.
Interprétations et citations légales
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-4 : Cet article stipule que le Conseil constitutionnel est saisi d'une question de constitutionnalité sous certaines conditions, notamment que la disposition contestée soit applicable au litige et qu'elle n'ait pas déjà été déclarée conforme à la Constitution.
2. Code de commerce - Article L. 752-23 : Cet article précise que "Le préfet peut mettre en demeure l'exploitant concerné soit de fermer au public les surfaces de vente exploitées illégalement... Ces mesures sont assorties d'une astreinte journalière de 150 euros par mètre carré exploité illicitement." Cette disposition est interprétée comme un outil de contrainte plutôt qu'une sanction.
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 - Article 8 : Cet article stipule que "La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires." Le Conseil d'État a jugé que l'astreinte ne constitue pas une peine au sens de cet article, mais un moyen d'assurer le respect des obligations légales.
En conclusion, le Conseil d'État a rejeté la demande de renvoi au Conseil constitutionnel, considérant que les arguments soulevés par la société Sotourdi ne remplissaient pas les conditions requises pour une question prioritaire de constitutionnalité.