Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme B... avait subi une intervention chirurgicale non conforme à son consentement. Après une chute en 2006, elle avait donné son accord pour une arthrodèse L5 - S1, mais les médecins avaient procédé à une arthroplastie prothétique discale à la place, ce qui n'a pas amélioré ses douleurs. Mme B... a demandé réparation pour les préjudices subis, mais la cour administrative d'appel de Lyon n'a accordé qu'un dédommagement pour préjudice moral et a annulé le reste de la demande. Le Conseil d'Etat a annulé cet arrêt en considérant que l'établissement devait à la fois réparer les préjudices physiques et psychologiques résultant de l'intervention non consentie.
Arguments pertinents
1. Consentement et responsabilité : Le Conseil d'Etat rappelle que la réalisation d'une intervention sans consentement entraîne une obligation de réparation pour tous les préjudices subis par le patient. Il précise : « en dehors des cas d'urgence ou d'impossibilité de recueillir le consentement, la réalisation d'une intervention à laquelle le patient n'a pas consenti oblige l'établissement responsable à réparer tant le préjudice moral subi de ce fait par l'intéressé que, le cas échéant, toute conséquence dommageable de l'intervention. »
2. Effets de l'intervention : La cour constate que l'intervention pratiquée était substantiellement différente de celle à laquelle Mme B... avait consenti et n'a eu aucun effet bénéfique. Malgré cela, la cour avait refusé de reconnaître le droit à réparation pour l'incapacité temporaire et le préjudice lié à l'intervention, ce qui a été jugé erroné par le Conseil d'Etat.
3. Perte de chance : Le Conseil d'Etat a également précisé que la perte définitive de la chance d'améliorer la condition de Mme B... après une intervention inappropriée justifie une indemnisation. La cour a commis une erreur en ne tenant pas compte de cette perte de chance : « l'obligation de réparation s'étendait aux préjudices résultant de la perte définitive de toute chance d'amélioration et de la conscience de cette situation. »
Interprétations et citations légales
1. Code de la santé publique : Bien que cet arrêt ne cite pas directement un article spécifique de ce code, il établit que le consentement éclairé est crucial dans le cadre médical, renforçant ainsi l'importance de la protection des droits des patients.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article, qui a servi de fondement à la décision d'accorder des frais d'avocat à Mme B..., stipule que "les personnes qui ont obtenu un avantage en justice peuvent demander le remboursement des frais qui n'ont pas été remboursés". Dans ce cas, cela s'applique effectivement à l’indemnisation provenant des Hospices civils de Lyon.
3. Principes de responsabilité médicale : La décision applique la responsabilité délictuelle en matière médicale, selon le principe selon lequel tout acte médical doit être fondé sur le consentement du patient, sans quoi l'établissement doit en assumer les conséquences, tant morales que physiques.
En conclusion, la décision du Conseil d'Etat souligne l'importance de recueillir un consentement valable et d’évaluer correctement les conséquences d’une intervention chirurgicale, établissant un précédent essentiel pour la protection des droits des patients dans le domaine médical.