Résumé de la décision
Dans cette affaire, l'association La Vie Dejean a demandé réparation pour les préjudices qu'elle estime avoir subis à cause de la carence des autorités parisiennes dans le maintien de la sécurité et de la salubrité publiques. Le tribunal administratif de Paris a reconnu une carence fautive du maire de Paris et du préfet de police, condamnant la ville à verser des indemnités à l'association. La cour administrative d'appel a confirmé cette décision, ce qui a conduit le préfet de police et la ville de Paris à se pourvoir en cassation devant le Conseil d'État. Ce dernier a rejeté leurs pourvois, considérant qu'il n'y avait pas eu d'irrégularités dans la décision de la cour d'appel et que la responsabilité des autorités était engagée pour les carences constatées.
Arguments pertinents
1. Absence de vice de forme : Le Conseil d'État a affirmé que "la seule circonstance que... le rapporteur public a... critiqué cette situation en termes sévères n'implique pas... que l'arrêt attaqué ait été rendu dans des conditions irrégulières". Cela souligne que la critique véhémente ne constitue pas une irrégularité de procédure.
2. Carence fautive des autorités : Le Conseil d'État a validé l'analyse de la cour d’appel, affirmant que "les mesures prises par le préfet de police et le maire de Paris ne pouvaient être regardées comme appropriées eu égard à l'ampleur et à la persistance des problèmes". Cela signifie que l'inaction des autorités en matière de salubrité publique engage leur responsabilité.
3. Obligation des autorités publiques : La cour a rappelé que "les difficultés de l'activité de police administrative n'exonéraient pas les services compétents de leur obligation de prendre des mesures appropriées", ce qui montre que les autorités ont un devoir d'agir même dans des contextes difficiles.
4. Préjudice moral reconnu : En exerçant "une carence fautive de nature à engager la responsabilité de la ville de Paris", le Conseil d'État a confirmé que le préjudice moral de l'association, causé par les troubles à l'ordre public, doit être réparé.
Interprétations et citations légales
1. Responsabilité sans faute lourde : Le Conseil d'État a précisé que la responsabilité de la ville de Paris en matière de sécurité publique n'est pas conditionnée à l'existence d'une faute lourde, ce qui se déduit de la responsabilité pour faute simple :
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que "les frais exposés par une partie dans la procédure, y compris les frais d’avocat, peuvent être mis à la charge de la partie perdante".
2. Interaction entre maire et préfet : La cour a correctement noté que "les carences du préfet de police et du maire de Paris engendraient des troubles à l'ordre public", soulignant la responsabilité conjointe des autorités locales sans méconnaître la répartition de leurs pouvoirs respectifs.
3. Obligation de sécurité et salubrité : Selon le tribunal, les autorités doivent garantir un "niveau raisonnable de sécurité et de salubrité", ce qui est un impératif législatif et fonctionnel de leur rôle de police administrative, reflété dans le Code général des collectivités territoriales.
Conclusion
Le Conseil d'État a confirmé que les carences des autorités parisiennes en matière de sécurité et de salubrité publiques engageront leur responsabilité, même sans une faute lourde, affirmant ainsi le devoir d'action des collectivités territoriales face aux troubles à l'ordre public. Cette décision souligne l'importance de l'obligation de protection et d'intervention des autorités en matière de sécurité des citoyens.