Résumé de la décision
La décision concerne le recours de Mme B... qui contestait la perte de validité de son permis de conduire, prononcée par le ministre de l'Intérieur le 19 février 2016 pour solde de points nul. Par une ordonnance du 25 avril 2016, le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux avait suspendu l’exécution de cette décision. Cependant, le ministre a formé un pourvoi en cassation contre cette ordonnance. Le Conseil d'État a annulé l'ordonnance et rejeté la demande de suspension présentée par Mme B..., en estimant qu'il n'existait pas de doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a fondé sa décision sur plusieurs éléments juridiques. Parmi les principaux arguments :
- Sur le caractère établi de l'infraction : Le juge des référés a commis une erreur en considérant que la réalité de l'infraction qui avait conduit à la perte de points n'était pas établie. En effet, Mme B... avait admis la réalité de l'infraction en acquittant une amende forfaitaire, considérée comme un paiement de la contravention. Ainsi, le moyen de contestation de Mme B... ne pouvait créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision de perte de validité de son permis.
> Citation pertinente : « il ressort, toutefois, des pièces du dossier soumis au juge des référés qu'à la suite du rejet de sa requête en exonération... Mme B..., qui s'était acquittée du montant de la consignation... avait expressément donné son accord pour considérer "la consignation comme paiement de la contravention". »
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes législatifs. Voici une analyse des articles applicables :
1. Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article définit les conditions dans lesquelles un juge des référés peut suspendre l'exécution d’une décision administrative : la nécessité d'urgence et l'existence d'un doute sérieux quant à la légalité de la décision.
> Citation : « le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision (...) lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision (...) ».
2. Code de la route - Article L. 223-1 : Cet article précise que le permis de conduire est affecté d’un nombre de points qui peut être réduit de plein droit en cas d'infraction, validant ainsi le retrait de points en fonction des infractions établies.
> Citation : « Le permis de conduire est affecté d'un nombre de points. Celui-ci est réduit de plein droit si le titulaire du permis a commis une infraction pour laquelle cette réduction est prévue. »
En synthèse, la décision du Conseil d'État clarifie que l'existence d'une amende payée par la titulaire du permis constitue la preuve de la réalité de l'infraction, ce qui exclut tout doute sérieux quant à la légalité de la décision de retrait de points. Le juge des référés est thus exclu d'ordonner une suspension des effets de cette décision vu l'absence de fondement juridique adéquat à sa première ordonnance.