Résumé de la décision
M. A... B... avait été déclaré prioritaire pour bénéficier d'un logement par la commission de médiation de Paris en avril 2015. Un jugement du tribunal administratif de Paris du 29 janvier 2016 a ordonné au préfet de lui attribuer un logement avant le 1er avril 2016, sous peine d'astreinte. Le préfet a informé le tribunal que M. A... B... avait été relogé en octobre 2015 et a demandé la liquidation de l'astreinte. Cependant, le magistrat a jugé qu'il n'y avait pas lieu de liquider l'astreinte, faute d'informations suffisantes. M. A... B... a contesté cette ordonnance par demande d'annulation. La cour a annulé cette ordonnance, soulignant qu'elle était entachée d'irrégularité, en raison du défaut de communication d'informations pertinentes à M. A... B... concernant son relogement. La cour a également ordonné à l'État de verser 2 500 euros à son avocat.
Arguments pertinents
1. Injonction du tribunal : Le tribunal administratif a reconnu que l'absence de communication du courrier du préfet mentionnant le relogement de M. A... B... a conduit à une irrégularité dans la procédure. En effet, le principe du contradictoire impose que toutes les parties soient informées des éléments du dossier. L'ordonnance a été annulée pour ce motif :
- « le courrier ... n'a pas été communiqué à M. A... B.... », ce qui rend l'ordonnance entachée d'irrégularité.
2. Droit à l'aide juridictionnelle : La décision a également pris en compte que M. A... B... bénéficiait de l'aide juridictionnelle, ce qui permettait à son avocat de demander des frais d'avocat à l'État. Il a été décidé que l'État devra verser 2 500 euros à la SCP Piwnica, Molinié, sous condition de renonciation à percevoir la part contributive de l'État.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 441-2-3-1 du Code de la construction et de l'habitation :
- Cet article établit le droit des demandeurs reconnus prioritaires à l'aide au logement. Il stipule que si le demandeur n’a pas reçu d’offre de logement, il peut saisir la juridiction administrative pour obtenir satisfaction. Ici, l'article a été interprété comme donnant au tribunal le pouvoir d'ordonner le relogement et d’imposer une astreinte en cas de non-respect.
2. Article R. 778-8 du Code de justice administrative :
- Cet article permet au président du tribunal administratif de statuer par ordonnance et d'inviter les parties à présenter leurs observations. L’absence de communication du courrier à M. A... B... a violé ce principe d'échange d'informations, ce qui a conduit à l'annulation de l'ordonnance.
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 :
- Cet article prévoit la possibilité pour un avocat de demander le remboursement des frais de justice lorsque son client bénéficie de l'aide juridictionnelle. Ce cadre législatif a été appliqué pour accorder à M. A... B... le remboursement des frais de son avocat avec le cautionnement que cette somme ne représente pas la part contributive de l'État.
En conclusion, la décision du tribunal met en exergue l'importance du respect du droit au contradictoire dans la procédure judiciaire, ainsi que le droit à l'aide juridictionnelle pour les justiciables reconnus prioritaires.