Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. et Mme C... contestent des décisions administratives relatives à la déclaration d'insalubrité d'un de leurs logements, prise par le préfet de la région d'Ile-de-France en novembre 2012. Après avoir exécuté les travaux prescrits, ils avaient demandé l'annulation des décisions préfectorales ainsi qu'une indemnisation pour préjudice, arguant que le préfet n'avait pas recours à ses prérogatives judiciaires pour expulser les occupants contraires à l'exécution des travaux. Initialement, le tribunal administratif de Paris avait constaté qu'il n'y avait plus lieu de statuer sur les demandes d'annulation, mais la cour administrative d'appel de Paris avait annulé ce jugement et déclaré irrecevables les demandes d'indemnisation. La décision rendue par le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour d'appel, considérant qu'il y avait eu erreur de droit dans l'interprétation des conclusions des requérants, et elle a renvoyé l'affaire devant la cour d'appel.
Arguments pertinents
1. Sur le recours d'annulation : Le Conseil d'État a estimé que l'achèvement des travaux et la mainlevée de l'arrêté d'insalubrité ne privent pas d'objet le recours engagé par M. et Mme C... en vertu des dispositions des articles L. 1331-17 à L. 1331-22 du code de la santé publique. Cela souligne le principe selon lequel l'exécution des travaux ne devrait pas empêcher l'évaluation des décisions administratives contestées. La décision note : « l'exécution par le propriétaire ou le locataire en cours d'instance des travaux prescrits... ne privent pas d'objet le recours engagé par le propriétaire ou le locataire. »
2. Sur la demande d'indemnisation : Le Conseil d'État a également infirmé le raisonnement de la cour d'appel qui considérait que les conclusions indemnitaires de M. et Mme C... étaient nouvelles en appel. En se basant sur les mémoires antérieurs, il a été constaté que les requérants avaient effectivement maintenu leur demande d'indemnisation tout au long de la procédure. Le Tribunal a souligné que « les requérants sont également fondés à demander l'annulation de l'arrêt attaqué en tant qu'il se prononce sur leurs conclusions indemnitaires. »
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a appliqué plusieurs textos juridiques tout au long de sa décision, notamment les articles du Code de la santé publique relatifs à l'insalubrité :
- Code de la santé publique - Article L. 1331-17 et suivants, qui établissent le cadre légal pour la déclaration d'insalubrité d'un logement et les obligations qui en découlent pour le propriétaire.
La décision met en avant la nécessité de respecter les droits des propriétaires et locataires face à des périodes de travaux imposés par l'administration, même si ces travaux sont réalisés pour rétablir les conditions d'habitabilité. Cela se traduit par la nécessité d'examiner d'éventuelles responsabilités de l'administration dans l'indemnisation des préjudices subis par les propriétaires du fait de la procédure d'insalubrité.
Cet arrêt s'inscrit dans une jurisprudence qui cherche à équilibrer les mesures de protection de la santé publique, à savoir la lutte contre l'insalubrité, et la sauvegarde des droits des propriétaires dont les biens sont affectés par de telles mesures.