Résumé de la décision
La présente affaire concerne M. A..., qui avait vu son habilitation d'accès aux zones de sûreté des plateformes aéroportuaires de Roissy-Charles de Gaulle et du Bourget refusée par le préfet de la Seine-Saint-Denis. Après l’annulation de cette décision par le tribunal administratif de Montreuil pour excès de pouvoir, M. A... a ensuite demandé une indemnisation pour les préjudices subis, ce que la cour administrative d’appel de Versailles a partiellement accordé, en condamnant l'État à lui verser des dommages-intérêts et à lui rétablir son accès. Le ministre de l'Intérieur a ensuite formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt.
La décision de la Cour suprême a annulé la partie de l'arrêt de la cour administrative d'appel concernant l'indemnisation pour préjudice au-delà des pertes de salaire et l’injonction de délivrance de l'habilitation, estimant que la cour avait commis une erreur de droit en interprétant le jugement du tribunal administratif.
Arguments pertinents
1. Lien de causalité : La cour administrative d'appel a établi un lien direct entre le refus d'habilitation et les pertes de salaire de M. A..., en affirmant que le refus avait déclenché la procédure de licenciement. La Cour suprême a confirmé cette évaluation, indiquant que "la cour a pu, sans commettre d'erreur de qualification juridique, regarder comme direct le lien de causalité entre l'illégalité de la décision [...] et les pertes de salaire subies par M.A...".
2. Autorité de la chose jugée : L'erreur de droit majeure commise par la cour administrative d'appel réside dans l'interprétation du jugement antérieur qui n'imposait pas à l'administration de délivrer une habilitation, mais simplement de réexaminer la demande. La décision a souligné que ce jugement n'entraîne pas automatiquement la délivrance de l'habilitation, affirmant que "l'administration [...] n'était pas tenue de délivrer une telle habilitation".
Interprétations et citations légales
Les dispositions pertinentes appliquées dans cette décision sont :
- Code de l'aviation civile - Article R. 213-3 : Cet article stipule que l'accès en zone de sûreté est subordonné à l'obtention d'une habilitation. Le refus d'habilitation étant à l'origine du litige, cette disposition est centrale dans l'affaire.
- Code de justice administrative - Principes concernant l'annulation pour excès de pouvoir : Le tribunal administratif avait annulé la décision du préfet en indiquant que "l'Etat n'avait pas utilement contredit les allégations de l'intéressé". Cet aspect a été crucial pour établir l’illégalité de l’acte préfectoral.
La décision de la Cour suprême recadre ainsi la portée du jugement antérieur, précisant que l'administration doit réexaminer la demande mais sans être contrainte à accorder l'habilitation, illustrant le principe selon lequel "l'autorité de la chose jugée" ne se traduit pas par la délivrance automatique d'une habilitation en cas d'annulation d'une décision. Cette réinterprétation permet de clarifier les obligations administratives suite à une décision de justice.