Résumé de la décision
M. A... conteste une décision de la cour administrative d'appel de Marseille qui avait confirmé certaines condamnations financières à son encontre pour un montant total de 540 000 euros suite à sa déclaration en tant que comptable de fait. Dans un arrêt du 10 juillet 2017, la cour a également condamné M. A... à une amende pour recours abusif et a mis à sa charge des frais au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative. M. A... a formé un pourvoi devant le Conseil d'État, qui a annulé la condamnation aux frais, jugeant que le ministre ne justifiait pas précisément des frais exposés pour défendre l'instance. Le Conseil d'État a exercé son pouvoir de régler l'affaire au fond et a rejeté les conclusions du ministre au titre des frais, sans accorder de somme à M. A....
Arguments pertinents
La décision du Conseil d'État repose sur des considérations liées à l'application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative. Le Conseil précise que, bien que des personnes publiques puissent demander l'application de cet article, elles ne peuvent se limiter à évoquer un surcroît de travail sans justifier précisément des frais engagés pour défendre l'instance. En conséquence, le Conseil d'État indique que la cour administrative d'appel a commis une erreur de droit en imposant une somme à M. A... sans preuve précise des frais. Cette décision est illustrée par l'affirmation suivante : « Il résulte de ces dispositions que… elle ne saurait se borner à faire état d'un surcroît de travail… ».
Interprétations et citations légales
L'arrêt interprète l'article L. 761-1 du code de justice administrative qui stipule que « Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine, au titre des frais exposés et non compris dans les dépens. » Le Conseil souligne que, pour une demande de remboursement, les autorités doivent établir des frais spécifiques ayant réellement été engagés, et ne peuvent simplement faire état de la charge de travail pour défendre une instance.
Le Conseil d'État applique également l'article L. 821-2 du code de justice administrative. Cet article permet au Conseil de régler une affaire au fond en cas d'annulation d'une décision prise en dernier ressort, en tenant compte de l'intérêt d'une bonne administration de la justice. En fin de compte, l'interprétation mise en avant par le Conseil d'État met l'accent sur la nécessité de justifications précises des frais, comme le souligne ce passage de la décision : « Le ministre… s'est ainsi borné à faire état d'un surcroît de travail… sans justifier précisément de frais que l'Etat aurait exposés. » Cette absence de précision a conduit à la décision de rejet des conclusions de l'État sur ce fondement.
Ainsi, cette décision éclaire l'importance, pour les parties publiques, de fournir des éléments concrets et chiffrés lorsqu'elles sollicitent des compensations au titre des frais juridiques dans le cadre d'instances administratives.