Résumé de la décision
La société FE Sainte-Anne a formé un pourvoi contre une ordonnance du 25 juin 2019 par laquelle le juge des référés de la cour administrative d’appel de Nancy a refusé de suspendre l’exécution d’une décision préfectorale du 26 février 2019. Cette décision préfectorale rejetait les modifications des conditions d’exploitation des éoliennes et enjoignait la société de présenter une nouvelle demande d’autorisation environnementale. La haute cour administrative a annulé l’ordonnance contestée en considérant que le juge des référés n'avait pas correctement évalué l'urgence de la situation, qui aurait justifié la suspension de la décision, et a ordonné à l'État de verser une somme de 4 000 euros à la société en tant que frais de justice.
Arguments pertinents
1. Évaluation de l'urgence : La décision met en exergue que pour qu'un juge des référés suspende l'exécution d'une décision administrative, il doit établir la présence d'une urgence et du doute sérieux sur la légalité de la décision. En l’espèce, le juge a failli à cette tâche en ne prenant pas en compte les effets immédiats de la décision préfectorale sur les intérêts économiques et la réalisation du projet de la société.
Citation pertinente : « L'urgence justifie que soit prononcée la suspension d'un acte administratif lorsque l'exécution de celui-ci porte atteinte, de manière suffisamment grave et immédiate, à un intérêt public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu'il entend défendre. »
2. Impact des retards : La société a mis en avant que les retards engendrés par la décision préfectorale nuiraient gravement au bénéfice des conditions d'achat de l'électricité, compromettant ainsi la viabilité économique de son projet.
Citation pertinente : « ...les retards et les préjudices économiques irréversibles... étaient la conséquence du comportement et de la " stratégie technologique " de cette société... » - Cela illustre une mauvaise appréciation par le juge des référés des éléments présentés par la société.
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article stipule que « le juge des référés peut suspendre l'exécution d'une décision administrative si l'urgence le justifie et si existe un doute sérieux quant à la légalité de la décision ». La jurisprudence impose donc une appréciation rigoureuse et concrète de l'urgence et des impacts directes de la décision.
2. Code de l'environnement - Article R. 181-46 : En vertu de cet article, la société avait le droit d'informer le préfet des modifications qu'elle souhaitait entreprendre. Cela soulève la question de la pertinence et de la légitimité des motifs sur lesquels la décision du préfet a été fondée.
Citation pertinente : « ...une telle modification, de caractère substantiel, nécessitait le dépôt d'une nouvelle autorisation environnementale. » - Cela souligne que l'appréciation par le préfet d'une modification comme substantielle doit être équilibrée avec la réalité des circonstances entourant le projet.
En conclusion, la décision met en lumière l'importance d'une évaluation rigoureuse par le juge des référés tant de l'urgence qu' du caractère substantiel des modifications demandées, ainsi que la préservation des intérêts économiques des requérants face à l'administration.