Résumé de la décision
La société Tekimmo a demandé l'annulation pour excès de pouvoir de deux arrêtés ministériels relatifs à la certification des compétences des opérateurs de repérage et d'évaluation de l'amiante dans les immeubles bâtis. Le Conseil d'État a jugé que la société était recevable à agir, malgré les objections du ministre chargé du logement concernant la recevabilité et la tardiveté de la requête. Il a ensuite annulé l'arrêté du 25 juillet 2016, en raison de son incompatibilité avec le décret du 16 juin 2009, qui exige que les normes rendues obligatoires soient accessibles gratuitement. Par voie de conséquence, l'arrêté du 24 février 2017 a également été annulé.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la requête : Le Conseil d'État a affirmé que la société Tekimmo, employant des personnes disposant des compétences requises, était légitimement en droit de contester les arrêtés. Cela contredit l'argument du ministre qui soutenait que la société n'avait pas qualité pour agir.
> "la société Tekimmo [...] est recevable à demander au juge de l'excès de pouvoir l'annulation de ces arrêtés."
2. Tardiveté de la requête : Le ministre a soutenu que la requête contre l'arrêté du 25 juillet 2016 était tardive. Cependant, le Conseil d'État a précisé que la requête ne se limitait pas à des dispositions isolées et que celles-ci étaient indissociables du reste de l'arrêté.
> "ces dispositions ne sont pas divisibles du reste de l'arrêté qui précise à la fois les exigences qui s'imposent à ces organismes et celles qui s'imposent aux personnes dont ils sont chargés de certifier le niveau de compétences."
3. Illégalité des arrêtés : Le Conseil d'État a conclu que l'arrêté du 25 juillet 2016 violait le décret du 16 juin 2009, car il rendait obligatoire une norme (NF EN ISO/CEI 17024) qui n'était pas accessible gratuitement.
> "la société requérante est fondée à soutenir qu'en rendant d'application obligatoire la norme NF EN ISO/CEI 17024, dont il n'est pas contesté qu'elle n'est pas gratuitement accessible, l'arrêté du 25 juillet 2016 a méconnu les exigences posées par le décret du 16 juin 2009."
Interprétations et citations légales
1. Code de la construction et de l'habitation - Article L. 271-6 : Cet article impose un diagnostic technique lors de la vente d'immeubles bâtis, ce qui justifie la nécessité de certification des compétences des opérateurs.
2. Code de la construction et de l'habitation - Article R. 271-1 : Cet article précise les conditions de certification des compétences, en indiquant que les certifications doivent être délivrées par des organismes accrédités.
3. Décret du 16 juin 2009 - Article 17 : Ce décret stipule que les normes peuvent être rendues obligatoires par arrêté, mais seulement si elles sont accessibles gratuitement. Cela a été le fondement de l'annulation de l'arrêté du 25 juillet 2016.
> "Les normes sont d'application volontaire. / Toutefois, les normes peuvent être rendues d'application obligatoire par arrêté signé du ministre chargé de l'industrie et du ou des ministres intéressés."
En conclusion, la décision du Conseil d'État souligne l'importance de la conformité des arrêtés ministériels avec les exigences légales, notamment en matière d'accessibilité des normes, et réaffirme le droit des sociétés à contester des actes administratifs qui affectent leur activité.