Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A..., adjoint administratif de chancellerie de 1ère classe, a été affecté à l'ambassade de France aux États-Unis et a été placé en situation d'appel spécial par arrêté ministériel. Ce placement a été contesté par M. A... devant le tribunal administratif, qui a rejeté sa demande. Toutefois, en appel, la cour administrative d'appel de Nantes a annulé le jugement du tribunal et les arrêtés contestés, enjoignant le ministre de réexaminer la situation de M. A.... Le ministre a alors formé un pourvoi en cassation, mais celui-ci a été rejeté, et l'État a été condamné à verser 3 000 euros à M. A... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Sur la légalité des arrêtés : La cour administrative d’appel a statué que le ministre de l'Europe et des affaires étrangères n’avait pas fourni de preuves concrètes permettant de justifier l’inscription de M. A... dans le fichier des personnes recherchées, ni la menace qu'il représenterait. En conséquence, elle a jugé que les arrêtés étaient entachés d'une erreur manifeste d'appréciation.
2. Sur la prescription de résultats probants : La cour a relevé que, bien que seule l’inscription dans le fichier de recherche ait été invoquée, elle ne suffisait pas à établir la réalité d’une menace. Elle a souligné que le juge, s'il est bien informé par les éléments du débat contradictoire, n'est pas tenu d'utiliser ses pouvoirs d'instruction.
> « L'inscription d'une personne dans le fichier des personnes recherchées [...] ne saurait, par elle-même, suffire à établir que cette personne présente une telle menace. »
Interprétations et citations légales
1. Décret du 28 mars 1967 - Article 22-1 : Cet article définit la notion d'appel spécial et précise que l'agent concerné est à la disposition de l'administration. Il stipule que c'est le ministre ou le directeur de l'établissement public qui décide de la fin de l'appel spécial.
> « L'appel spécial est la situation de l'agent qui, en raison de la situation politique [...], reçoit instruction soit de quitter le pays où il est affecté [...] soit, s'il est en congé, de rentrer en France métropolitaine. »
2. Décret du 28 mai 2010 - Article 2, 8° : Cela concerne spécifiquement les conditions d'inscription des personnes dans le fichier des personnes recherchées, indiquant que cette inscription doit être fondée sur des éléments concrets.
> « Peuvent être inscrites dans ce fichier, sous la rubrique " S " : " Les personnes faisant l'objet de recherches pour prévenir des menaces graves pour la sécurité publique ou la sûreté de l'Etat, dès lors que des informations ou des indices réels ont été recueillis à leur égard ". »
Conclusion
La décision de la cour administrative d’appel de Nantes a mis en lumière des pratiques administratives potentiellement arbitraires dans la gestion des appels spéciaux, en insistant sur la nécessité de preuves concrètes pour justifier des mesures qui peuvent affecter les droits et la situation professionnelle des agents. Le rejet du pourvoi et la condamnation de l'État au paiement de frais de justice soulignent la protection juridique dont bénéficient les agents publics face à des décisions administratives.