Résumé de la décision
La décision concerne une requête présentée par le Conseil national des barreaux, qui contestait la légalité d'un décret relatif à un dispositif de médiation destiné à résoudre les différends entre entreprises et administrations, mis en place dans le cadre de la loi n° 2018-727 du 10 août 2018. Le tribunal a décidé de rejeter la requête, concluant que le décret était conforme aux dispositions légales et que le médiateur des entreprises pouvait être désigné pour cette mission sans porter atteinte aux principes d'impartialité ou de concurrence.Arguments pertinents
1. Absence de contreseing du garde des Sceaux : Le tribunal a écarté l'argument selon lequel le décret nécessitait la signature du garde des Sceaux, en précisant que l'article 22 de la Constitution permet de ne pas envisager cette obligation si le décret ne requiert pas d'intervention directe dans les actes réglementaires. Cela valide l'autonomie et la légitimité du ministre de l'économie et des finances à agir sur ce dispositif.2. Compétence réglementaire : Le tribunal a souligné que les modalités d'expérimentation de la médiation relèvent de la compétence du pouvoir réglementaire, en vertu de la loi, et a rejeté la contestation de l'incompétence pour confier des missions au médiateur des entreprises. Cela est renforcé par l'idée que le décret ne crée pas un monopole pour ce médiateur, laissant la liberté aux parties de choisir leur médiateur.
3. Missions d'intérêt général et indépendance : Le tribunal a affirmé que le médiateur des entreprises, même rattaché à un ministre, agit dans un cadre de service public d'intérêt général. Il a été noté qu’aucune disposition ne s'oppose à ce qu'un dispositif de médiation soit confié à une autorité administrative, tant que les principes d'impartialité sont respectés.
Interprétations et citations légales
1. Article 36 de la loi n° 2018-727 : Cette loi institue un cadre expérimental pour la médiation, permettant de "résoudre les différends entre, d'une part, les entreprises et, d'autre part, les administrations et les établissements publics de l'État". Cela fait peser sur l'État une obligation d'installer des procédures qui soutiennent le développement économique.2. Constitution - Article 22 : Selon cet article, "Les actes du Premier ministre sont contresignés, le cas échéant, par les ministres chargés de leur exécution." Le tribunal a limité l'interprétation de cette exigence aux actes qui nécessitent effectivement une telle intervention, en déclarant que cela ne s'applique pas au décret en question.
3. Principes d’impartialité : Le tribunal a affirmé que "le médiateur des entreprises [...] est soumis au principe d’impartialité", ce qui corrobore que sa désignation pour des missions de médiation n'emporte pas de préjugés d'intérêt, permettant une confiance dans son indépendance, même s'il est rattaché à un ministère.
En somme, cette décision souligne l'importance des dispositifs de médiation dans la réglementation sur les relations entre les entreprises et l'État, tout en établissant la légitimité de l'implication des autorités administratives dans ce cadre.