Résumé de la décision
La communauté de communes de la vallée d'Ossau a assigné l'État devant le tribunal administratif de Paris pour obtenir réparation d'un préjudice résultant de la non-renouvellement de trois concessions hydroélectriques, ce qui a empêché cette dernière de percevoir certaines redevances. Le tribunal a rejeté sa demande, et la cour administrative d'appel de Paris a confirmé ce rejet par un arrêt du 17 juin 2022. La communauté de communes a alors formé un pourvoi en cassation. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel au motif que celle-ci n'avait pas correctement apprécié si la communauté avait effectivement perdu une chance sérieuse de percevoir une part de la redevance due, et a renvoyé l'affaire devant la cour administrative d'appel.
Arguments pertinents
Un des arguments clés de la décision réside dans la reconnaissance d'une éventuelle "perte de chance" pour la communauté de communes. Le Conseil d'État a souligné que la cour administrative d'appel n'avait pas procédé à une recherche suffisante pour déterminer si la communauté avait effectivement subi une perte de chance de percevoir une fraction de la redevance, en affirmant trop rapidement qu'une personne publique pouvait renoncer à une concession pour des motifs d'intérêt général. Le Conseil d'État a précisé :
> "La cour a commis une erreur de droit en s'abstenant de rechercher si, au regard de l'ensemble des faits propres à l'espèce, la communauté de communes avait perdu une chance sérieuse de percevoir une part de cette redevance."
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, le Conseil d'État se réfère à l'article L. 523-2 du Code de l'énergie, qui régit le cadre des concessions hydroélectriques et établit les modalités de fixation et d'affectation des redevances. Cet article stipule que :
> "Pour toute nouvelle concession hydroélectrique, y compris lors d'un renouvellement, il est institué, à la charge du concessionnaire, au profit de l'Etat, une redevance proportionnelle aux recettes de la concession."
Le texte souligne que le taux de redevance est lié à l'équilibre économique de la concession et qu'une fraction de celle-ci est affectée aux groupements de communes sur le territoire. En vertu de cette disposition, la cour a une obligation d’apprécier si les conditions d’équilibre économique ont été respectées et d'encadrer la possibilité pour les collectivités de récupérer une part de la redevance en cas de renoncement à la concession.
Le Conseil d'État a donc mis en exergue la nécessité d'une analyse contextuelle approfondie, ce qui démontre une interprétation stricte des droits et prérogatives des collectivités locales dans le cadre des concessions hydroélectriques. Ce cas réaffirme aussi l'importance d’une évaluation minutieuse des pertes potentielles subies par des entités publiques en l’absence de concessions, en demandant aux juridictions inférieures d'examiner plus largement les implications économiques d'un refus de renouvellement.