Résumé de la décision :
Le ministre de l'éducation nationale conteste une ordonnance du tribunal administratif de Toulouse qui avait ordonné au recteur de l'académie de modifier la note attribuée à Mme A... lors du concours interne de secrétaire administratif. Malgré une note de 12,75/20, Mme A... avait demandé une réattribution de 15,75/20, ce qui a conduit à la décision en question. Le conseil d'État a annulé partiellement cette ordonnance, jugeant que l’injonction au recteur de modifier la note faisait obstacle à l’exécution de la délibération du jury.
Arguments pertinents :
1. Indissociabilité de la note et de la délibération : Le Conseil d'État a souligné que "la note attribuée aux candidats par un jury de concours étant indissociable de la délibération par laquelle il proclame les résultats du concours". Cela signifie que toute modification de note ne peut être décidée indépendamment des résultats globaux proclamés par le jury.
2. Incompatibilité avec l'exécution d'une décision administrative : En ordonnant au recteur d'attribuer une nouvelle note à Mme A..., le juge des référés a empêché l'exécution de la décision du jury, ce qui est contraire aux critères fixés par l'article L. 521-3 du code de justice administrative. Le Conseil d'État a affirmé que l’injonction était inappropriée car elle "fait obstacle à l'exécution de cette délibération".
Interprétations et citations légales :
1. Urgence et mesures utiles :
- Le Conseil d'État se base sur l'article L. 521-3 du code de justice administrative: "En cas d'urgence et sur simple requête [...] le juge des référés peut ordonner toutes autres mesures utiles". Ici, le concept d'urgence doit être couplé avec l'idée que les mesures demandées ne doivent pas entraver une décision administrative.
2. Impossibilité de réviser la décision d'un jury :
- L'annulation de l’ordonnance par le Conseil d'État repose en grande partie sur le fait que les actes des jurys de concours sont des décisions administratives qui ne peuvent être contestées ou révisées, sauf dans des cas très restreints et spécifiquement définis par la loi.
3. Article L. 821-2 du code de justice administrative :
- Le Conseil d'État précise qu'en application de cet article, il existe également des dispositions permettant de régler l'affaire en question directement, remplacement ainsi l’examen du fond par une décision rapide.
En conclusion, cette décision illustre l'importance du respect des résultats des jurys dans les concours, tout en délimitant les capacités d'injonction des juges administratifs en matière de décisions prises dans ce cadre.