Résumé de la décision :
La décision implique une question prioritaire de constitutionnalité soulevée par M. A... concernant les modalités d'imposition de la plus-value attachée à des titres apportés à une société. En particulier, il conteste les dispositions du II de l'article 150-0 B ter du code général des impôts, qui prévoient une imposition sur la plus-value réalisée lors de la cession de titres par le donataire, même si cette imposition découle d'un enrichissement antérieur au transfert de propriété. Le Conseil d'État a décidé de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, estimant qu'elle suscite un doute sérieux quant à sa conformité à la Constitution.
Arguments pertinents :
1. Applicabilité et non-conformité : Le Conseil d'État a précisé que les dispositions contestées sont applicables au litige et n'ont pas été déclarées conformes à la Constitution antérieurement. Le moyen soulevé par M. A... soulève une question sérieuse.
2. Principe d'égalité devant les charges publiques : M. A... soutient que les dispositions en cause portent atteinte au principe d'égalité devant les charges publiques, garanti par l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Il est fait mention que l'imposition supplémentaire mise à la charge du donataire est sans lien direct avec sa situation personnelle, mais est associée à l'enrichissement du donateur.
Citation pertinente : « Le moyen tiré de ce que ces dispositions portent atteinte au principe d'égalité devant les charges publiques garanti par l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen… soulève une question sérieuse. »
Interprétations et citations légales :
1. Nature de la plus-value en report : L'article 150-0 B ter du code général des impôts, dans sa rédaction de 2012, évoque les modalités de report et d'imposition de la plus-value dans le cadre d'apports de valeurs mobilières. Il stipule que la plus-value en report est imposée au nom du donataire lors de certaines cessions, ce qui soulève une interrogation sur le lien entre l'imposition et la situation financière actuelle du donataire.
Citation légale : « La plus-value en report est imposée au nom du donataire et dans les conditions prévues à l'article 150-0 A : [...] lorsque l'une des conditions mentionnées au 2° du I du présent article n'est pas respectée. »
2. Conditions de renvoi : Le Conseil d'État s’est référé aux conditions posées à l’article 23-5 de l’ordonnance du 7 novembre 1958, soulignant que pour qu’une question prioritaire de constitutionnalité soit renvoyée au Conseil constitutionnel, il faut que la question soit nouvelle, sérieuse, et qu'elle porte sur une disposition applicable au litige.
Citation légale : « Il résulte des dispositions de ce même article que le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité à la triple condition que la disposition contestée soit applicable au litige... »
En conclusion, la décision du Conseil d'État démontre une approche rigoureuse dans l'analyse de la conformité des textes fiscaux avec les principes constitutionnels, en soulignant la possibilité d'une injustice dans l'imposition qui pourrait affecter des contribuables disposant de ressources limitées vis-à-vis des bénéfices réalisés par un donateur antérieurement à un transfert de propriété.