Résumé de la décision
La société ACI a demandé au ministre de l'économie une réduction de ses cotisations de taxe foncière et de taxe d'enlèvement des ordures ménagères pour l'année 2016, argumentant que 29 de ses appartements et 2 places de stationnement étaient restés vacants en raison d'un climat d'insécurité dans le quartier. Le tribunal administratif a rejeté sa demande, considérant que la société n'avait pas prouvé que cette vacance n'était pas indépendante de sa volonté, n'ayant pas donné de détails spécifiques pour chaque appartement. La demande de dégrèvement a donc été refusée, et la société ACI a vu son pourvoi rejeté. Par ailleurs, le tribunal a souligné que l'État n'était pas la partie perdante, rendant inapplicable une condamnation aux frais par rapport à l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Vacance des biens et responsabilité : Le tribunal a estimé que la société ACI ne démontrait pas que la vacance des appartements était indépendante de sa volonté. La société n'a pas fourni de preuves suffisantes pour chaque appartement, se bornant à évoquer des circonstances générales sans justifications prouvées. Le tribunal a donc affirmé : "la société n’individualisait pas, appartement par appartement, ses demandes de dégrèvement".
2. Taux d'occupation : Bien que des circonstances générales comme l'insécurité aient été reconnues, le tribunal a noté que la moitié des biens de la société avaient trouvé des locataires pendant l'année 2016. Cela soulève des questions sur la capacité de la société à louer certains appartements dans un contexte difficile, en déclarant que "il incombait […] de justifier également pourquoi certains appartements avaient pu être loués alors que d'autres ne l’avaient pas été".
3. Appréciation des faits : Le tribunal a opéré une "appréciation souveraine" des éléments et preuves tenus dans le dossier, insistant sur le fait que la vacance n'était pas indépendante de la volonté de la société ACI. Cette appréciation n'était pas sujette à contestation en cassation sauf en cas de dénaturation, ce qui n’était pas le cas ici.
Interprétations et citations légales
- Code général des impôts - Article 1389: Cet article permet le dégrèvement de la taxe foncière en cas de vacance, stipulant des conditions précises : "Le dégrèvement est subordonné à la triple condition que la vacance ou l'inexploitation soit indépendante de la volonté du contribuable, qu'elle ait une durée de trois mois au moins et qu'elle affecte soit la totalité de l'immeuble, soit une partie susceptible de location ou d’exploitation séparée". L’article précise donc que la preuve d'indépendance par rapport à la volonté du contribuable est cruciale pour bénéficier du dégrèvement.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1: Cet article traite des frais de justice administrative, stipulant que la partie perdante est généralement condamnée à payer les frais. La décision a relevé qu'aucune somme ne pouvait être mise à la charge de l'État, car "l'Etat n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante".
Cette décision illustre la rigueur avec laquelle les tribunaux analysent les demandes de dégrèvement en lien avec des circonstances économiques et sociales, tout en guidant les contribuables à justifier leurs demandes de manière individualisée et documentée.