Résumé de la décision
M. B... a introduit une action pour annuler un document publié par le ministère de l'économie et des finances, intitulé "Déclarations rectificatives des avoirs détenus à l'étranger et non déclarés - modalités pratiques et conséquences fiscales". Ce document vise à éclairer sur les modalités de régularisation des avoirs étrangers et évoque les cas où des structures juridiques étrangères peuvent être considérées comme interposées selon l'article 123 bis du code général des impôts. Le tribunal, reconnaissant des questionnements sérieux concernant la conformité de l'article 123 bis avec les principes constitutionnels, a décidé de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel pour examen et de surseoir à statuer sur la requête de M. B... jusqu'à ce que le Conseil se prononce.
Arguments pertinents
1. Question de constitutionnalité : La décision souligne que les dispositions de l'article 123 bis du code général des impôts n'ont pas été déclarées conformes à la Constitution. Le tribunal met en avant le risque de violations des droits du contribuable, notamment en ce qui concerne l'égalité devant la loi et les charges publiques.
Citation pertinente : "il y a lieu de renvoyer au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité invoquée", indiquant que la légitimité des dispositions fiscales en question nécessite un examen plus approfondi sur leur conformité constitutionnelle.
2. Sursis à statuer : Le tribunal a décidé de ne pas statuer sur la requête de M. B... tant que le Conseil constitutionnel n'aura pas rendu sa décision. Cela montre une volonté de respecter le processus constitutionnel et de garantir la protection des droits du contribuable.
Citation pertinente : "Il est sursis à statuer sur la requête de M. B... jusqu'à ce que le Conseil constitutionnel ait tranché la question de constitutionnalité ainsi soulevée", ce qui indique un droit d'attente prudent face à des dispositions potentiellement problématiques.
Interprétations et citations légales
Interprétation des textes de loi :
- Code général des impôts - Article 123 bis: Cet article stipule que les bénéfices ou revenus d'une entité établie à l'étranger, soumise à un régime fiscal privilégié, et détenue par un résident fiscal français, peuvent être imposés comme revenus de capitaux mobiliers. L'article soulève des préoccupations sur la présomption de fraude fiscale associée à l'interposition de structures juridiques étrangères.
Citation directe : "lorsqu'une personne physique domiciliée en France détient directement ou indirectement 10 % au moins des actions, parts, droits financiers ou droits de vote dans une entité juridique-personne morale [...] les bénéfices ou les revenus positifs de cette entité [...] sont réputés constituer un revenu de capitaux mobiliers".
- Constitution - Préambule et DDHC: Les droits et libertés garantis par la Constitution, en particulier ceux relatifs à l'égalité devant la loi et aux charges publiques, sont au cœur de la question posée au Conseil constitutionnel. L'interprétation des garanties fondamentales offertes aux contribuables est centrale pour apprécier la légalité de l'article 123 bis.
Citation pertinent : "la question de savoir si elles portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, et notamment aux principes d'égalité devant la loi et devant les charges publiques", pointant ainsi une éventuelle contradiction entre la législation fiscale et les droits constitutionnels.
Cette décision souligne l'importance d'un décalage possible entre la législation fiscale et les principes fondamentaux de la Constitution française. Le renvoi au Conseil constitutionnel reflète une préoccupation pour la protection des droits individuels face à des mesures fiscales potentiellement abusives.