Résumé de la décision :
La société SOPARFI conteste l'imposition d'une contribution additionnelle de 3 % sur les dividendes versés à compter de la date de publication de la loi n° 2012-958 du 16 août 2012, arguant que cette imposition affecte des bénéfices mis en réserve avant cette date, déjà soumis à l'impôt sur les sociétés. Le Conseil d'État, après analyse, décide de ne pas renvoyer la question au Conseil constitutionnel, considérant que la question soulevée par la société n’est pas sérieuse et qu'aucune atteinte aux droits garantis par la Constitution n'est constatée.
Arguments pertinents :
1. Applicabilité de la loi : Le Conseil d'État constate que les dispositions contestées sont applicables au litige en cours, ce qui est une condition préalable à la question prioritaire de constitutionnalité.
2. Distinction entre impositions : Le Conseil souligne que la contribution additionnelle n'est pas un impôt sur les bénéfices réalisés par les sociétés. Il estime que la société n’a pas de base pour une attente légitime quant à un éventuel traitement fiscal favorable des distributions ultérieures de bénéfices mis en réserve.
> "la contribution additionnelle prévue à l'article 235 ter ZCA du code général des impôts est établie sur les 'montants distribués' au sens des articles 109 à 117 du code général des impôts."
3. Renonciation à la distribution : La mise en réserve des bénéfices est interprétée comme une renonciation à leur distribution immédiate, indiquant qu'une décision de distribution fut prise après la publication de la loi, sans garanties préexistantes.
> "la décision de mettre en réserve des bénéfices ne saurait être regardée comme faisant naître une attente légitime quant au traitement fiscal des éventuelles distributions."
Interprétations et citations légales :
1. Article 23-5 de l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 : Cet article régit la possibilité de soulever des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) devant le Conseil d'État. Pour qu'une QPC soit soumise, il faut que la disposition contestée soit applicable au litige, qu'elle n'ait pas déjà été déclarée conforme à la Constitution, et qu'elle soit nouvelle ou présente un caractère sérieux.
2. Code général des impôts - Article 235 ter ZCA : Cet article établit la contribution additionnelle sur les montants distribués par les sociétés, appliquée aux distributions intervenues après la publication de la loi. Ce texte fonde la contention de la société, mais le Conseil d'État conclut que :
> "Cette contribution ne constitue pas, au sens du droit interne, un impôt sur les bénéfices ou revenus réalisés par les sociétés."
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 - Article 16 : Cet article stipule que toute société dont la garantie des droits n'est pas assurée n'a pas de Constitution. Le Conseil d'État explique que le législateur peut modifier des textes mais doit respecter les garanties des droits acquis :
> "il ne saurait, sans motif d'intérêt général suffisant, ni porter atteinte aux situations légalement acquises ni remettre en cause les effets qui peuvent légitimement être attendus de telles situations."
En conclusion, le Conseil d'État considère que l'imposition prévue par la loi de 2012 respecte les garde-fous constitutionnels et juridiques, rejetant ainsi la demande de la société SOPARFI sans renvoi au Conseil constitutionnel.