Résumé de la décision
La Société de distribution Saint-Maximoise (SDSM) avait déduit des pertes conséquentes de l'impôt sur les sociétés, correspondant à des vols de billets de banque subis lors de l'exploitation de son supermarché. L'administration fiscale a contesté cette déductibilité en raison de carences organisationnelles et de l'absence de contrôle. La cour administrative d'appel de Marseille a partiellement annulé un jugement précédant qui avait favorisé la SDSM. La société s'est pourvue en cassation. La décision de la cour de cassation a annulé certains articles de l'arrêt de la cour d'appel, estimant qu’il y avait eu erreur de droit dans l’appréciation des faits.
Arguments pertinents
1. Carence organisée : La cour d'appel a conclu que le comportement inactif et l'absence d'action de la SDSM face aux vols en question compromettaient la déductibilité des pertes. La décision cite que ces vols ne pouvaient pas être vus comme des « risques normaux » de la gestion commerciale en raison de cette carence organisationnelle.
2. Absence de preuve contre des salariés : La cour de cassation a noté qu'il n'était ni prouvé ni allégué que les détournements avaient été commis par un salarié de la société, ce qui aurait pu justifier la non-dédutibilité. La cour a déclaré qu'il y avait eu « erreur de droit » en imposant des conditions de déductibilité basées sur une hypothèse non justifiée.
3. Rejet des arguments de l'administration : La cour a statué que la SDSM était fondée à remettre en question l'arrêt de la cour administrative d'appel de Marseille concernant la réintégration des sommes, sans examiner d'autres moyens de son pourvoi, en raison de la mauvaise interprétation des faits.
Interprétations et citations légales
- Code général des impôts - Article 38 : Cet article précise que le bénéfice imposable provient des opérations effectuées par l'entreprise, à l'exception de celles qui ne relèvent pas d'une gestion normale de l'entreprise. L’administration doit se concentrer sur l’intérêt de l’entreprise pour évaluer la normalité des dépenses.
- Code général des impôts - Article 39 : Ce texte établit que les pertes dues à des détournements de fonds sont généralement déductibles, sauf si ces détournements résultent de la malversation de la direction ou d’une négligence organisationnelle. Ainsi, en faisant référence à cet article, la décision souligne que la déductibilité peut être compromise si des éléments d'organisation et de contrôle sont absents, mais dans le cas de la SDSM, il n’y avait pas de preuves de malversations internes.
La cour a conclu que les sombres implications sur la gestion ont été mal interprétées, soulignant qu'[on] ne peut pas déduire la déductibilité des pertes sur une simple conjecture relative à l'organisation en l'absence d'éléments factuels.
La décision finale a donc abouti à l'annulation des articles concernés et au renvoi à la cour d'appel pour nouvel examen, avec une compensation de 3 000 euros à verser à la SDSM, en ajoutant que la SDSM avait été lésée par la décision initiale sans juste cause.