Résumé de la décision
La décision concerne une requête de l'Association nationale des opérateurs détaillants en énergie (ANODE) demandant l'annulation pour excès de pouvoir du refus implicite des ministres de modifier l'arrêté du 26 juillet 2013 fixant les tarifs réglementés de vente d'électricité. Le tribunal a constaté que cet arrêté avait été implicitement abrogé par un nouvel arrêté daté du 30 octobre 2014, qui a introduit des barèmes de tarifs différents. Ainsi, le tribunal a décidé qu'il n'y avait plus lieu de statuer sur la demande d'annulation, considérant que le litige avait perdu son objet. Les conclusions d’ANODE au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ont également été rejetées.
Arguments pertinents
1. Abrogation implicite : Les ministres de l'économie et de l'énergie ont adopté un nouvel arrêté qui a abrogé implicitement celui du 26 juillet 2013. La décision indique que « l'arrêté du 30 octobre 2014 a implicitement abrogé les barèmes des tarifs réglementés de vente de l'électricité fixés par l'arrêté du 26 juillet 2013 », ce qui a eu pour effet de priver de son objet le litige relatif à cet arrêté.
2. Caractère modifié du nouveau règlement : Le tribunal a précisé que les barèmes de tarifs annexés à l'arrêté du 30 octobre 2014 diffèrent significativement de ceux de l'arrêté de 2013. En conséquence, « les dispositions de l'arrêté du 26 juillet 2013 ne peuvent être regardées comme ayant été reprises sans modification autre que de pure forme dans l'arrêté du 30 octobre 2014 ».
3. Impact de l'abrogation sur le litige : Il a été soutenu que même si le nouvel arrêté n’avait pas remédié à l’illégalité invoquée à l’encontre de l’arrêté de 2013, cela était sans incidence sur le fait que l’abrogation de cet arrêté avait effectivement eu pour effet de rendre le litige sans objet.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'énergie - Article L. 337-4 : L'article stipule que les tarifs réglementés de vente d'électricité peuvent être arrêtés par les ministres après avis de la Commission de régulation de l'énergie. Le tribunal se réfère à cet article pour établir la légitimité des arrêtés pris après la période transitoire.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit que les frais de justice peuvent être mis à la charge de l'État en fonction de la situation de l'affaire. Dans ce cas, le tribunal a décidé de rejeter les demandes d’ANODE en vertu de cet article, indiquant qu'il n’y avait pas lieu de mettre à la charge de l’Etat la somme demandée.
La décision souligne ainsi l'importance de la formation d’un nouveau règlement par rapport à un précédent, même si des éléments d'illégalité peuvent encore persister dans ce nouveau cadre. Elle reflète également une application stricte des principes d'abrogation et de perte d'objet d'un litige dans le contexte juridique français.