Résumé de la décision
Cette décision concerne le pourvoi de Me B..., mandataire liquidateur de la société AOM Air Liberté, demandant l'annulation d'un arrêt du 9 novembre 2017 de la cour administrative d'appel de Paris. Ce dernier avait rejeté l'appel contre un jugement du tribunal administratif de Melun qui avait également rejeté les demandes d'indemnisation du liquidateur à l'égard de l'État. Les mandataires liquidateurs soutenaient que les aides publiques accordées à la société avaient aggravé sa situation financière alors qu'elle était déjà compromise. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour, considérant qu'une erreur de droit avait été commise dans l'appréciation des éléments juridiques concernant la responsabilité de l'État pour l'octroi de ces aides.
Arguments pertinents
1. Sur la faute de l'administration : La décision stipule qu'octroyer une aide publique à une entreprise dont la situation est déjà compromise ne caractérise pas nécessairement une faute de l'administration, à moins que cette aide ait été accordée en méconnaissance de la législation applicable ou que la situation financière de l’entreprise ait été manifestement insolvable au moment de l’octroi. Citation : “Il appartient au juge d'apprécier si le préjudice allégué présente un caractère certain et s'il existe un lien de causalité direct entre la faute de l'administration et le préjudice allégué”.
2. Sur la conformité des aides : Le Conseil d'État a également précisé que les aides publiques, pour être responsables, doivent avoir été accordées sans les garanties nécessaires ou en cas de coercition. Cela implique une évaluation des conditions entourant l'attribution des aides. Citation : “En jugeant que les aides publiques octroyées à une entreprise privée dont la situation était irrémédiablement compromise... ne sont pas susceptibles d'engager la responsabilité pour faute... la cour a commis une erreur de droit”.
Interprétations et citations légales
1. Responsabilité de l'État : La décision évoque le principe selon lequel la responsabilité d'une personne publique peut être engagée lorsqu'une aide illégale est attribuée, mais seulement si celle-ci était insusceptible d'atteindre ses objectifs d'intérêt général. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit que "la juridiction peut condamner l'État à verser une somme aux dépens d'une partie dans le cadre du pourvoi en cassation".
2. Conditions d'octroi des aides : L’interprétation judiciaire sur la question de la situation des entreprises bénéficiaires d'aides publiques se fonde sur les articles relatifs à la responsabilité civile et la nécessité d’un lien direct de causalité. Cela inclut également l’analyse de la situation au moment de l'octroi de l’aide, information cruciale pour établir si la décision de l'administration était fondée. Code de commerce - Article L. 650-1 mentionne la responsabilité des créanciers, mais conditionne cette responsabilité à des principes spécifiques qui, selon le Conseil d'État, n’étaient pas correctement appliqués par la cour.
En résumé, cette décision illustre les nuances juridiques entourant l'octroi d'aides publiques et la responsabilité de l'État, notamment en rappelant les conditions nécessaires pour établir un lien de causalité entre une aide et un préjudice allégué.