Résumé de la décision
La cour administrative d'appel de Bordeaux a annulé, dans une décision rendue le 27 février 2014, une ordonnance du tribunal administratif de Basse-Terre qui avait rejeté les conclusions de la société Distrivit. Cette société demandait une indemnisation de 850 827,53 euros de la part du département de la Guadeloupe et le remboursement par l'État d'un montant de 1 663 093,06 euros lié à la taxe sur la valeur ajoutée. Le tribunal a renvoyé la question de l'indemnisation au tribunal administratif de Basse-Terre tout en rejetant le surplus des demandes de la société. Le département de la Guadeloupe a ensuite porté l'affaire devant le Conseil d'État, demandant l'annulation de la décision de la cour administrative.
Arguments pertinents
1. Compétence des juridictions : Le Conseil d'État confirme que les tribunaux de l'ordre judiciaire sont seuls compétents pour traiter des contestations liées aux droits de douane et assimilés, tandis que la responsabilité pour faute de l'État, résultant d'une activité réglementaire, doit être examinée par la juridiction administrative. La cour administrative a donc correctement jugé que les conclusions de la société Distrivit relevaient de la juridiction administrative, car elles mettaient en cause la responsabilité du département sur la base d'une illégalité.
> "Les tribunaux de l'ordre judiciaire sont seuls compétents pour connaître de toutes les contestations concernant l'assiette et le recouvrement des droits de douane et des droits assimilés."
2. Fonds de la demande d'indemnisation : Distrivit invoquait une atteinte à ses droits en raison de délibérations du conseil général de Guadeloupe en application de l'article 268 du code des douanes, considérées comme incompatibles avec le droit de l'Union européenne. En qualifiant ces actes d'une faute engageant la responsabilité du département, la cour a reconnu la légitimité de la demande d'indemnisation.
> "La société soutenait notamment que les délibérations prises par le conseil général de Guadeloupe en application de l'article 268 du code des douanes méconnaissaient le droit de l'Union européenne."
Interprétations et citations légales
1. Régime juridique des droits de douane : L'article 268 du code des douanes établit le cadre juridique autour des droits de consommation sur les produits du tabac dans les départements d’outre-mer. Cet article établit la prérogative des conseils généraux pour fixer les taux et les conditions.
> Code des douanes - Article 268 : "Les cigarettes, les cigares, cigarillos, les tabacs à mâcher, les tabacs à priser, les tabacs fine coupe [...] sont passibles d'un droit de consommation."
2. Compétence judiciaire en matière de douane : L'article 357 bis précise que les tribunaux de grande instance sont compétents pour les contentieux liés aux créances de nature douanière. Ce texte étaye la limite de compétence entre les juridictions judiciaires et administratives.
> Code des douanes - Article 357 bis : "Les tribunaux de grande instance connaissent des contestations concernant le paiement, la garantie ou le remboursement des créances de toute nature recouvrées par l'administration des douanes."
En somme, le Conseil d'État a confirmé la compétence administrative sur les questions soulevées par Distrivit, en justifiant la légitimité de la demande d'indemnisation par rapport aux actes réglementaires ayant une incidence sur ses droits, tout en clarifiant les responsabilités matérielles et juridiques des différentes entités concernées.