Résumé de la décision
La société Leroy Merlin France a contesté des décisions de l'administration fiscale concernant la taxe sur les surfaces commerciales pour les années 2011 et 2012. Elle a demandé la restitution de sommes versées, en arguant que les conditions d'application de la réduction de taux prévues par le décret n° 95-85 du 26 janvier 1995 n'avaient pas été correctement interprétées. Le tribunal administratif de Rouen a rejeté ces demandes. Leroy Merlin France a porté l'affaire devant le Conseil d'État, qui a confirmé le jugement du tribunal, rejetant ainsi le pourvoi de la société.
Arguments pertinents
1. Validité du décret : Le Conseil d'État a affirmé que le pouvoir réglementaire n'avait pas excédé ses compétences en limitant la réduction de taux à la vente exclusive des marchandises énumérées, justifiant son interprétation par les termes de la loi du 13 juillet 1972. La condition d'exclusivité n'entrave pas la portée des dispositions législatives.
- Citation : « [...] le pouvoir réglementaire s'est borné à déterminer le champ d'application de la mesure de réduction de taux prévue par le législateur [...] ».
2. Appréciation des faits : Le tribunal a établi que Leroy Merlin ne commercialisait pas exclusivement des meubles meublants et des matériaux de construction, ce qui a conduit au rejet de ses demandes. Le Conseil d'État a soutenu que le constat du tribunal sur la diversité des produits commercialisés émanait d'une analyse factuelle correcte.
- Citation : « [...] le tribunal administratif [...] a relevé, par des motifs exempts de dénaturation, que la société requérante commercialisait, outre des matériaux de construction et des meubles meublants, [...] ».
3. Recevabilité des moyens juridiques : Les arguments basés sur des principes constitutionnels et des conventions internationales non présentés au tribunal administratif ne sont pas recevables en cassation. Cela souligne l'importance de la procédure et de la formulation des requêtes dans les instances judiciaires.
- Citation : « Les moyens tirés de ce que les dispositions du décret [...] ne peuvent pas être utilement présentés, en cassation, à l'appui de conclusions [...] ».
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 72-657 du 13 juillet 1972 - Article 3 : Cet article institue une taxe sur les surfaces commerciales, précisant les conditions et les exceptions à son application. Il consacre le principe de la taxabilité des surfaces de vente dépassant 400 mètres carrés et prévoit des réductions pour certaines professions avec des superficies anormalement élevées.
- Citation : « Il est institué une taxe sur les surfaces commerciales assise sur la surface de vente des magasins de commerce de détail [...] Un décret prévoira [...] des réductions pour les professions dont l'exercice requiert des superficies de vente anormalement élevées [...] ».
2. Décret n° 95-85 du 26 janvier 1995 - Article 3 : Ce décret précise les modalités de réduction de la taxe sur certaines ventes exclusives, explicitant les groupes de marchandises concernés, notamment les meubles et matériaux de construction.
- Citation : « [...] la réduction de taux prévue au dix-septième alinéa de l'article 3 de la loi[...] en faveur des professions [...] est fixée à 30 % [...] concernant la vente exclusive des marchandises énumérées [...]. »
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article régit les honoraires d'avocat dans les affaires administratives, stipulant la possibilité d'une charge financière sur l'État pour les perdants dans un contentieux administratif.
- Citation : « [...] il peut être mis à la charge de l'État une somme au titre des frais exposés [...] ».
Cette décision du Conseil d'État illustre la rigueur nécessaire dans l'application des règles fiscales et la distinction entre les qualifications juridiques et factuelles des situations économiques, tout en mettant en exergue l'importance de la procédure dans le traitement des litiges fiscaux.