Résumé de la décision
La décision porte sur un pourvoi en cassation formé par Mme G...C..., agissant pour les consorts C..., contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nancy qui avait rejeté leur demande d'indemnisation auprès de l'ONIAM, arguant que celle-ci était prescrite. Le Conseil d'État a annulé cet arrêt, considérant que la demande d'indemnisation n'était pas soumise à la prescription quadriennale de 1968, mais à un délai de prescription de dix ans suivant la consolidation du dommage, en vertu des nouvelles dispositions introduites par la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016. L'affaire a été renvoyée à la cour administrative d'appel de Nancy et l'ONIAM a été condamné à verser 3 000 euros à Mme C... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Prescription de l'action en indemnisation : Le Conseil d'État a mis en lumière que la demande d'indemnisation déposée le 16 juillet 2012 par les consorts C... n'était pas prescrite en raison de la demande d'expertise faite en 2005, qui a interrompu le délai de prescription. Ainsi, le délai de prescription applicable est celui de dix ans prévu par l'article L. 1142-28 du code de la santé publique, et non celui de quatre ans de la loi du 31 décembre 1968.
> "Il y a lieu d'appliquer au litige le délai de prescription de dix ans à compter de la consolidation du dommage prévu par les dispositions précitées de l'article L. 1142-28 du code de la santé publique modifié."
2. Effet des nouvelles dispositions légales : La décision souligne l’importance de tenir compte des nouvelles normes juridiques concernant la prescription lorsque celles-ci ne sont pas dépassées au moment de leur entrée en vigueur. Ainsi, dans ce cas, le délai de prescription postérieur a été appliqué, soulignant une évolution législative en matière de droit à l'indemnisation.
> "Ces dispositions s'appliquent lorsque le délai de prescription n'était pas expiré à la date de publication de la présente loi."
Interprétations et citations légales
1. Code de la santé publique - Article L. 1142-28 : Cet article énonce le cadre légal concernant la prescription des actions en indemnisation liées aux accidents médicaux. Sa lecture précise que le délai de prescription est de dix ans à compter de la consolidation du dommage, ce qui modifie significativement la portée temporelle des demandes d’indemnisation.
- Article L. 1142-28 : "Les demandes d'indemnisation [...] se prescrivent par dix ans à compter de la consolidation du dommage."
2. Loi n° 2016-41 - Article 188 : Cet article précise l'application des nouveaux délais de prescription pour les demandes déjà en cours, stipulant que les nouvelles règles doivent s'appliquer lorsque le délai de prescription antérieur n'est pas encore expiré et qu'aucun jugement irrévocable n'a été rendu.
- Article 188 : "Il est alors tenu compte du délai déjà écoulé. / Toutefois, lorsqu'aucune décision de justice irrévocable n'a été rendue, l'Office national d'indemnisation [...] applique le délai prévu au I [...] depuis le 1er janvier 2006."
Cette décision met en lumière l'évolution des lois relatives aux accidents médicaux et souligne l'importance des procédures d'expertise en ce qui concerne l'interruption des délais de prescription.