Résumé de la décision
La décision concerne M. B..., dont Pôle emploi a récupéré un indu d'allocation de solidarité spécifique s'élevant à 5 627,82 euros en raison de déclarations inexactes pendant plusieurs mois en 2013 et 2014. Après un rejet de sa demande de remise gracieuse par Pôle emploi, M. B... a saisi le tribunal administratif, qui a validé la récupération et rejeté la demande de remise gracieuse. En cassation, le juge a annulé le jugement du tribunal administratif partiellement, notamment la section concernant le refus de remise gracieuse, a jugé que cette demande devait être examinée au fond et l’a rejetée, tout en condamnant Pôle emploi à verser des frais à l’avocat de M. B...
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la demande d'annulation de la récupération d'indu : Le tribunal a rejeté la demande de M. B... visant à annuler la décision de récupération d'indu, affirmant que celle-ci était irrecevable pour manque de recours administratif préalable. Le pourvoi n’a pas contesté l'irrecevabilité, justifiant ainsi le rejet des conclusions relatives à cette décision.
> “M. B... ne critique l'irrecevabilité qui lui a été ainsi opposée par aucun des moyens de son pourvoi.”
2. Méconnaissance de l'office du juge : En statuant uniquement sur les vices de la décision de Pôle emploi, le tribunal a méconnu son rôle, qui était d'évaluer s'une remise gracieuse était justifiée au regard des circonstances personnelles et de la législation applicable.
> “En statuant ainsi, le tribunal a méconnu son office.”
3. Examen des critères de la remise gracieuse : Le juge a rappelé que la remise peut être fondée sur la bonne foi et la précarité du débiteur. Cependant, M. B... n'a pas démontré de situation précaire suffisamment forte justifiant une remise partielle ou totale, étant donné sa situation d'emploi et ses ressources.
> “Il y a lieu de rechercher si la situation de précarité du débiteur et sa bonne foi justifient que lui soit accordée une remise ou une réduction de dette.”
4. Prescription et incompétence alléguée : Les arguments de prescription de la créance ou de l’incompétence de la décision rejetant la remise gracieuse ont été considérés comme inappropriés, car ils ne sont pas pertinents dans le cadre de ce type de demande.
> “Un tel moyen peut être utilement soulevé à l'encontre d'une décision de récupération d'indu mais non à l'encontre du rejet d'une demande de remise gracieuse.”
Interprétations et citations légales
1. Code du travail - Article L. 5426-8-3 : Cet article autorise Pôle emploi à abandonner ou différer le recouvrement des allocations indûment perçues, mais impose une évaluation de la situation de précarité du débiteur et de sa bonne foi.
> “Pôle emploi est autorisé à différer ou à abandonner la mise en recouvrement des allocations, aides, ainsi que de toute autre prestation indûment versées pour le compte de l'État.”
2. Code du travail - Article R. 5423-1 : Il conditionne le bénéfice de l'allocation de solidarité spécifique à la justification de ressources mensuelles inférieures à un plafond défini, ce qui a été pris en compte pour évaluer la demande de M. B....
> “Le bénéfice de cette allocation est subordonné à la condition que le demandeur d'emploi justifie, à la date de sa demande, de ressources mensuelles inférieures à un plafond.”
3. Code de justice administrative - Article L. 821-2 : Ce dispositif permet au juge administratif de régler l’affaire au fond lorsque le jugement attaqué est annulé, ce qui a été appliqué dans le cas de M. B....
> “Il y a lieu de régler, dans cette mesure, l'affaire au fond en application des dispositions de l'article L. 821-2 du code de justice administrative.”
En somme, la décision montre l'importance de respecter les obligations déclaratives en matière de prestations sociales et souligne le rôle du juge administratif dans l'examen des demandes de remise gracieuse, tout en se basant sur des critères objectifs de précarité et de bonne foi.