Résumé de la décision
M. B..., un ressortissant algérien, a contesté un arrêté du préfet de la Seine-Maritime qui ordonnait son éloignement du territoire français, arguant que cet arrêté entravait son mariage imminent et portait atteinte à sa vie privée et familiale. Le tribunal administratif de Rouen a rejeté sa demande d'annulation de cet arrêté. M. B... a ensuite saisi la cour administrative d'appel, mais celle-ci a confirmé la décision du tribunal en statuant que l'éloignement était justifié par la situation irrégulière de M. B... sur le territoire.
Arguments pertinents
1. Motif de l'arrêté :
La cour a confirmé que l'arrêté d'éloignement n'avait pas pour objet déterminant de faire obstacle au mariage. La légalité de la mesure a été fondée sur le fait que M. B... se trouvait en situation irrégulière, une question non influencée par le projet de mariage, et que l’opposition à mariage ne pouvait faire obstacle à l’application d’une mesure d’éloignement dans ce contexte. Ainsi, il a été dit que :
> "il ne ressort pas des pièces du dossier que la mesure d'éloignement [...] aurait eu pour motif déterminant de s'opposer à l'union projetée".
2. Droit au respect de la vie privée et familiale :
La cour a également écarté l'argument selon lequel l'exécution de l'arrêté porterait atteinte au droit de M. B... au respect de sa vie privée et familiale, considérant cela comme inopérant sur la légalité de l'arrêté contesté. En effet, la cour a statué que :
> "est inopérant sur la légalité de l'arrêté en litige le moyen tiré de ce que l'exécution de la mesure d'éloignement porterait atteinte à son droit au respect à une vie privée et familiale".
3. Conséquences d'un mariage postérieur :
La cour a également indiqué que le fait que M. B... se soit marié après la prise de l'arrêté d'éloignement et qu'il ait demandé une carte de séjour en tant que conjoint de Français, sans avoir produit de récépissé de demande de titre de séjour, n'affectait pas la légalité de l'arrêté initial, ce qui a été souligné par la déclaration suivante :
> "la circonstance que postérieurement à l'arrêté en litige le requérant se soit marié et ait déposé une demande de titre de séjour [...] est sans incidence sur la légalité de l'arrêté en litige".
Interprétations et citations légales
Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile :
- L'arrêté en question a été pris en vertu des dispositions régissant le séjour irrégulier des étrangers en France. Cela souligne le cadre législatif qui permet à l'administration d'agir pour mettre fin à la présence irrégulière, indépendamment des projets matrimoniaux.
Code civil - Article 175-2 :
- Cet article stipule que lorsqu'un projet de mariage est porté à la connaissance du procureur de la République, celui-ci peut décider d’un sursis à la célébration de mariage, ce qui a été appliqué dans le cas de M. B... en raison de doutes sur la véracité de son projet marital.
Il serait pertinent d'étudier comment ces textes sont interprétés dans le cadre des droits de l'homme, notamment vis-à-vis des articles de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, en particulier l'article 8 qui garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. Cela souligne aussi la nécessité de concilier le droit au mariage avec les dispositions relatives aux conditions de séjour des étrangers.
Ce cas illustre les tensions entre la régularisation du séjour en France, les droits de la vie familiale et les prérogatives de l'administration en matière d'éloignement des étrangers en situation irrégulière.