Résumé de la décision
Dans l'affaire examinée par la Cour d'Appel de Colmar le 22 décembre 1948, les époux X... ont contesté leur statut de propriétaires d'un fonds de commerce exploité dans un immeuble, après l'expiration d'un bail consenti à leurs prédécesseurs, les époux Y.... La Cour a confirmé que le bail initial, bien qu'il mentionnât la location d'un immeuble à usage d'hôtel et d'un fonds de commerce, ne visait en réalité qu'à établir un bail pour la création d'un nouveau commerce, excluant l'exploitation de l'ancien fonds d'hôtel-restaurant. La Cour a ainsi rejeté le pourvoi des époux X..., considérant que les intentions des parties et les circonstances entourant le bail étaient déterminantes.
Arguments pertinents
1. Intention des parties : La Cour a souligné que, malgré la clarté des termes du bail, ceux-ci étaient en contradiction avec l'intention manifeste des parties. Elle a noté que "non seulement l'ancien fonds d'hôtel-restaurant n'a jamais été exploité par les locataires, mais que, conformément aux intentions mêmes des contractants, l'exploitation de cet ancien fonds n'était aucunement l'objet du bail".
2. Transformation des locaux : La décision a également mis en avant que les locaux avaient été complètement transformés avec l'assentiment du bailleur pour créer un nouveau commerce, ce qui a conduit à la conclusion que le bail ne portait pas sur un fonds d'hôtel-restaurant, mais sur un nouvel établissement commercial.
3. Accessoire du fonds : La Cour a précisé que les éléments liés à l'ancien fonds, tels que la licence de débit de boissons, ne constituaient qu'un accessoire du nouveau fonds, renforçant ainsi l'idée que le bail était destiné à un projet commercial différent.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur l'interprétation des intentions des parties contractantes, un principe fondamental en droit des contrats. La Cour a fait référence à la nécessité de considérer les circonstances entourant la formation du contrat pour déterminer sa véritable nature, ce qui est en accord avec le principe de l'interprétation des contrats selon la volonté commune des parties.
- Code civil - Article 1134 : Cet article stipule que "les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites". La Cour a appliqué ce principe en affirmant que, bien que le texte du bail fût clair, il était nécessaire de l'interpréter à la lumière des intentions des parties.
- Code civil - Article 1162 : Cet article précise que "l'interprétation d'un contrat doit se faire selon la commune intention des parties". La Cour a donc jugé que l'intention des parties, qui était de créer un nouveau commerce, primait sur les termes littéraux du contrat.
En conclusion, la décision de la Cour d'Appel de Colmar illustre l'importance de l'intention des parties dans l'interprétation des contrats, même lorsque les termes semblent clairs, et souligne la flexibilité du droit des contrats pour s'adapter aux réalités commerciales.