Résumé de la décision
Mme B... et d'autres requérants, titulaires d'une concession funéraire perpétuelle depuis 1954, ont découvert qu'une délibération du conseil municipal en date du 9 juillet 2013 avait autorisé la reprise de leur concession, laquelle avait ensuite été attribuée à une autre famille, entraînant l'inhumation d'une personne étrangère. Après le refus du tribunal judiciaire de Perpignan d'examiner leur affaire, les requérants ont saisi le tribunal administratif de Montpellier. Ce dernier a transmis la question de compétence au Tribunal. Dans sa décision, le Tribunal a statué que la compétence appartient à la juridiction judiciaire et a renvoyé les parties devant cette juridiction.
Arguments pertinents
1. Régime de droit public de la responsabilité : Le Tribunal souligne que la responsabilité des personnes morales de droit public est généralement soumise au régime de droit public, et cela en vertu du principe de séparation des autorités énoncé dans la loi des 16-24 août 1790 et le décret du 16 fructidor an III. Cependant, des exceptions s'appliquent lorsque des matières sont dévolues à la juridiction judiciaire.
Citation pertinente : "Cette compétence [...] ne vaut toutefois que sous réserve des matières dévolues à l'autorité judiciaire par des règles ou principes de valeur constitutionnelle."
2. Situations de dépossession de droits immobiliers : Le Tribunal fait valoir que les requérants détiennent un droit réel immobilier, lequel a été éteint par la reprise de leur concession. En conséquence, les conclusions tendant à la réparation des conséquences dommageables de cette action irrégulière relèvent de la juridiction judiciaire.
Citation pertinente : "La juridiction judiciaire est seule compétente pour connaître de la demande des intéressés tendant à la condamnation de la commune à réparer les conséquences de cette dépossession dont ils soutiennent qu'elle est irrégulière."
Interprétations et citations légales
1. Loi des 16-24 août 1790 et décret du 16 fructidor an III : Ces textes établissent le principe fondamental de la séparation des autorités judiciaires et administratives en France. Ils posent un cadre légal qui impose un régime privilégiant la compétence administrative, sauf en cas de conflits impliquant des droits de propriété ou des droits civils remettant en question le rôle de la juridiction judiciaire.
Article pertinent : Loi des 16-24 août 1790, article 1er — "Tous les administrateurs doivent s'abst tenir de condamner ou de faire contrainte."
2. Code général des collectivités territoriales : Bien que le code définisse le cadre général des collectivités, le Tribunal note que la nature de la demande (dommages intérêts pour une dépossession) doit guider la détermination de la compétence.
3. Décret n° 2015-233 du 27 février 2015 : Ce décret organise les règles de procédure administrative et les compétences respectives des tribunaux, tout en précisant le cadre dans lequel le Tribunal pouvait être saisi d’une question de compétence.
Article pertinent : Décret n° 2015-233, article 32 — Fournit les modalités selon lesquelles les demandes d'examen de compétence peuvent être renvoyées.
Dans cette décision, le Tribunal a affirmé que la nature du droit en jeu (dépossession d'un droit réel immobilier) imposait que la juridiction judiciaire soit l'autorité compétente, réaffirmant ainsi la dynamique entre les différentes juridictions.