Résumé de la décision
Le 25 mars 2016, le maire de la commune du Bugue a délivré un permis de construire à la société Lidl pour la démolition d'un ancien magasin et la construction d'un nouveau magasin plus vaste. Mme B... et Mme F..., voisines du projet, ont contesté ce permis devant le tribunal administratif, qui a rejeté leur demande. En appel, elles ont déposé une requête en référé pour suspendre l'exécution de ce permis, invoquant des irrégularités dans sa délivrance. Cependant, par ordonnance du 1er octobre 2018, le juge des référés a rejeté leur requête, considérant que les moyens avancés ne créaient pas un doute sérieux sur la légalité du permis contesté.
Arguments pertinents
Les requérantes avancent plusieurs arguments pour justifier leur demande de suspension, notamment :
1. Intérêt à agir : Elles soutiennent qu'elles ont un intérêt à agir en tant que proches voisines, en raison des nuisances éventuelles causées par le projet, qui inclut un bâtiment de 1 973,30 m².
2. Condition d'urgence : Elles affirment que l'exécution des travaux en cours rend leur situation d'urgence manifeste, eu égard à la difficulté de revenir en arrière à postériori.
3. Irrégularité du permis : Elles mettent en avant une absence d'avis favorable de la commission départementale d'aménagement commercial, en invoquant les articles L. 425-4 du code de l'urbanisme et L. 752-1 du code de commerce, arguant que le projet mal présenté comme ayant une surface de vente inférieure à 1 000 m² méconnaissait la réglementation applicable.
4. Illégalité du plan local d'urbanisme : Elles affirment que la modification de ce plan approuvée en 2014 était illégale et que la construction ne respectait pas les règles antérieures, notamment les articles UB6 et UB11 du règlement.
L'ordonnance indique que "manifestement, aucun des moyens ne paraît propre à créer un doute sérieux quant à la légalité du permis de construire contesté, lequel ne vaut pas autorisation d'exploiter".
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs textes juridiques pour évaluer la légalité du permis de construire contesté :
- Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article permet au juge des référés d'ordonner la suspension d'une décision administrative si l'urgence le justifie et s'il existe des moyens portant un doute sérieux sur la légalité de la décision. Il stipule que : "Quand une décision administrative [...] fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés [...] peut ordonner la suspension [...] lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision."
- Code de l'urbanisme - Article L. 425-4 et Code de commerce - Article L. 752-1 : Ces dispositions imposent que toute autorisation d’exploitation commerciale soit précédée d’un avis favorable pour les projets dépassant certaines surfaces.
- Code de l'urbanisme - Articles L. 123-13 et L. 123-13-1 : Concernant la procédure de révision des plans d'urbanisme, les requérantes soutiennent que la modification du PLU ne respectait pas ces procédures. Cependant, le tribunal a considéré que cette contestation ne créait pas de doute sérieux quant à la légalité.
L'ordonnance conclut que les exigences de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, relative aux frais irrépétibles, ne sont pas applicables ici, rejetant ainsi toutes les conclusions des requérantes.