Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a été saisie par le préfet de l'Eure, qui conteste un jugement du tribunal administratif ayant annulé un arrêté du 17 juillet 2019, décision qui concernait un requérant, M. D..., d'origine congolaise, ayant vu sa demande d'asile rejetée. Le préfet cherche une annulation du jugement et un rejet de la demande de M. D.... Après examen, la cour a décidé d'annuler le jugement du 19 décembre 2019 et de rejeter la demande de M. D..., considérant que l'arrêté du préfet n'était pas entaché d'erreur manifeste ni d'illégalité.
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Arguments pertinents
1. Sur la signature de l'avis médical : La cour a noté que l'avis émis par le collège national de médecins de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) était systématiquement signé électroniquement grâce à un processus sécurisé. Elle a estimé qu’il était erroné de conclure que cet avis ne pouvait pas être considéré comme valide : "Compte tenu de ces garanties, c'est à tort que le tribunal administratif a jugé que l'avis émis par cette instance ne pouvait pas être regardé comme signé par ses membres."
2. Concernant la motivation de l'arrêté : La cour a confirmé que les bases de l'arrêté étaient valablement expliquées en se référant aux articles pertinents du code des relations entre le public et l'administration et du code de l'entrée et du séjour des étrangers : "Conformément aux articles L. 211-5 et L. 511-1, l'arrêté a énoncé les motifs de droit et de fait qui ont fondé ses différentes décisions."
3. Sur l'état de santé de M. D... : La cour a souligné que la santé de M. D..., bien qu'il présente un syndrome anxio-dépressif, ne justifiait pas une interdiction de retour en République démocratique du Congo : "Le collège de médecins de l’OFII a estimé ... que l'état de santé de l'intéressé lui permettrait de voyager sans risque."
4. Concernant l'atteinte à la vie privée et familiale : La cour a reconnu que, bien que M. D... ait des liens familiaux en France et en République démocratique du Congo, cela ne suffisait pas à prouver un impact disproportionné sur sa vie privée : "L'arrêté n'a pas porté une atteinte disproportionnée à la vie privée et familiale garantie par l'article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme."
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Interprétations et citations légales
La cour s'est fondée sur plusieurs dispositions légales pour justifier ses conclusions :
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 313-11 (11°) : Cet article encadre les obligations de l'administration en matière de prise en charge médicale des étrangers, précisant qu'un avis médical doit être consulté pour éviter une mise en danger.
- Code de la justice administrative - Article L. 911-1 et suivants : Ces articles stipulent les modalités d'injonction et d'exécution des décisions, précisant que dans cette affaire, aucune mesure d'exécution n'était à appliquer.
- Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales - Article 8 : Cet article protège le droit au respect de la vie privée et familiale, mais la cour a conclu que M. D... n'a pas démontré une atteinte disproportionnée en raison de son état.
Ces références légales et les interprétations des faits ayant conduit à la décision montrent que la cour a exercé un contrôle rigoureux sur les éléments présentés par le requérant et sur la légalité de l'arrêté contesté.