Résumé de la décision
M. A..., un ressortissant afghan, a quitté son pays en raison de la violence et a demandé l'asile en France. Cependant, une demande d'asile avait déjà été déposée en Bulgarie, qui a accepté de le reprendre en charge. Le préfet du Pas-de-Calais a ordonné son transfert vers la Bulgarie, mais cette décision a été annulée par le tribunal administratif de Lille. Le préfet a fait appel de cette annulation. La décision finale a confirmé que la France était devenue responsable de l'examen de la demande d'asile de M. A... en raison du non-respect du délai de transfert.
Arguments pertinents
1. Responsabilité de l'État : Le tribunal a souligné que, selon l'article 29 du règlement (UE) n° 604/2013, le transfert d'un demandeur d'asile doit être effectué dans un délai de six mois après l'acceptation de la demande de reprise en charge par l'État responsable. En l'espèce, le préfet a déclaré M. A... en fuite plus de six mois après l'acceptation par la Bulgarie, ce qui a conduit à la conclusion que la France était devenue responsable de l'examen de sa demande d'asile.
> "Si le transfert n'est pas exécuté dans le délai de six mois, l'Etat membre responsable est libéré de son obligation de prendre en charge ou de reprendre en charge la personne concernée" (Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 29).
2. Absence de caractérisation de la fuite : Le tribunal a noté que le préfet n'a pas réussi à prouver que M. A... s'était soustrait de manière intentionnelle et systématique au contrôle administratif, ce qui aurait pu justifier la prolongation du délai de transfert.
> "La notion de fuite [...] doit s'entendre comme visant notamment le cas où un ressortissant étranger non admis au séjour se serait soustrait de façon intentionnelle et systématique au contrôle de l'autorité administrative" (Règlement (UE) n° 604/2013 - Article 29).
Interprétations et citations légales
1. Interprétation du délai de transfert : L'article 29 du règlement (UE) n° 604/2013 établit clairement que le transfert doit être effectué dans un délai de six mois, sauf circonstances exceptionnelles. Le tribunal a interprété ce délai de manière stricte, affirmant que le non-respect de ce délai entraîne la responsabilité de l'État requérant.
2. Caractérisation de la fuite : Le tribunal a également précisé que la notion de "fuite" doit être interprétée de manière restrictive. Il ne suffit pas que le demandeur d'asile ne se présente pas ; il faut prouver une intention délibérée de se soustraire à l'autorité administrative.
> "L'état de fuite n'est, en tout état de cause, pas caractérisé par le préfet dans ses écritures" (Décision).
En conclusion, la décision du tribunal administratif de Lille a été confirmée, rejetant l'appel du préfet du Pas-de-Calais et affirmant que la France devait examiner la demande d'asile de M. A... en raison du non-respect des délais de transfert prévus par le règlement européen.