Résumé de la décision
M. D... G... et le GAEC de la Frête ont contesté une décision du préfet du Nord accordant à la SCEA E... père et fille une autorisation d'exploiter des terres. Leur recours a été rejeté par le tribunal administratif de Lille, et ils ont interjeté appel. La cour a confirmé le jugement, considérant que les requérants ne justifiaient pas d'un intérêt personnel leur permettant de contester la décision. En conséquence, leur demande d'annulation a été déclarée irrecevable, et les demandes au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ont également été rejetées.
Arguments pertinents
1. Absence de qualité à agir : La cour a souligné que M. G... et le GAEC de la Frête n'étaient ni propriétaires des terres contestées ni n'avaient déposé de candidature concurrente. Bien qu'ils aient exploité une partie des terres (11,0235 ha), l'autorisation de les exploiter avait été délivrée à Mme E... de manière personnelle par un arrêté antérieur. La cour a affirmé que "les requérants ne justifient pas d'un intérêt personnel" pour demander l'annulation de l'autorisation accordée.
2. Irrecevabilité du recours : Il a été noté que le recours gracieux formé par les requérants avait été rejeté et que l'arrêté initial était devenu définitif en l'absence de contestation par voie contentieuse. La cour a déclaré que "cet arrêté [comportant] la mention des voies et délais de recours [...] est devenu définitif faute d'avoir été contesté".
3. Indépendance des législations : Enfin, la cour a précisé que la question du congé pour reprise des terres pendante devant le tribunal paritaire des baux ruraux n'avait pas d'incidence sur le contrôle des structures agricoles, dégageant ainsi la responsabilité des requérants dans la procédure.
Interprétations et citations légales
1. Code rural et de la pêche maritime : Cet ensemble législatif régule l'exploitation agricole en France. La décision en litige était fondée sur l’application des lois associées à l'autorisation d'exploiter des terres agricoles.
2. Code de justice administrative - Article R. 634-1 : Bien que les requérants aient cité cet article pour soutenir que la dissolution de leur conseil juridique aurait suspendu les délais de recours, la cour a considéré que cet article ne s'appliquait qu'aux instances engagées, affirmant que "les dispositions de l'article R. 634-1 du code de justice administrative [...] ne s'appliquent pas aux recours gracieux".
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Concernant les demandes de remboursement des frais d'instance, la cour a constaté qu'en l'absence d'une décision favorable aux requérants, les conclusions au titre de cet article de la loi doivent être rejetées. Comme cité dans la décision: "Il n’y a pas lieu dans les circonstances de l’espèce... de mettre à la charge de M. G... et du GAEC de la Frête le versement à la SCEA E... père et fille d'une somme au titre des frais exposés".
Cette analyse met en lumière la rigueur des conditions d'intérêt personnel requises pour contester une décision administrative en matière d'exploitation agricole, tout en soulignant l'importance de la solidité des recours légaux.