Résumé de la décision
Dans cette affaire, le préfet de la Seine-Maritime a interjeté appel d'un jugement en date du 4 juin 2019 par lequel le tribunal administratif de Rouen avait annulé un arrêté en date du 5 avril 2019 ordonnant le transfert de Mme C... vers les autorités suédoises, responsables de l'examen de sa demande d'asile. Mme C..., de nationalité indéterminée et accompagnée de ses deux enfants, a contesté ce transfert, invoquant l'intérêt supérieur de son enfant de deux ans. La cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, rejetant ainsi la requête du préfet.
Arguments pertinents
1. Sur la régularité du jugement :
La cour a constaté que les pièces produites par Mme C... n’avaient pas été communiquées au préfet avant la notification du jugement. Néanmoins, « il ne ressort pas des termes du jugement attaqué que le magistrat se serait fondé sur ces pièces ». Cela indique que le principe du contradictoire n'a pas été méconnu, justifiant la décision de la cour de rejeter le moyen soulevé par le préfet.
2. Sur le bien-fondé du jugement :
La cour a estimé que la séparation possible entre l’enfant et son père constituait une atteinte à l’intérêt supérieur de l’enfant, en tenant compte des principes énoncés dans le règlement (UE) n° 604/2013. Elle a souligné que la décision de transfert aurait « nécessairement pour conséquence de séparer la jeune A... de l'un de ses parents », ce qui contrevient aux engagements internationaux relatifs aux droits de l’enfant.
Interprétations et citations légales
La cour a appliqué plusieurs textes de loi et conventions :
- Règlement (UE) n° 604/2013, Article 6 : Ce règlement établit que les décisions relatives à l'asile doivent tenir compte de l'intérêt supérieur de l'enfant. La décision de la cour a mis en avant que l’arrêté du préfet méconnaissait effectivement cet article, en raison de la séparation potentielle d’un enfant de ses parents.
- Constitution des droits de l'homme : Bien que ce texte ne soit pas directement cité, l'application des conventions internationales relatives aux droits de l'homme et des enfants sous-entend un respect accru des droits fondamentaux. La cour a semblé se référer à cet aspect en examinant l'impact de la décision sur la vie familiale de Mme C...
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : La cour astatut que Mme C... a le droit de bénéficier de l’aide juridictionnelle, entraînant la condamnation de l’Etat à verser des frais d’avocat, fondée sur ce texte. « Il y a lieu... de mettre à la charge de l'État une somme de 800 euros à verser à Me D... », soulignant ainsi la protection accordée aux parties en difficulté financière.
La décision est donc fondée sur des considérations juridiques solides, alignées avec les principes de protection de la famille et des droits de l’enfant, tout en respectant les procédures de justice administrative.