Résumé de la décision
Dans cette affaire, Me G...D..., en tant que mandataire liquidateur de la société Imprimerie Georges Frère, a contesté une décision du ministre du travail du 2 décembre 2011, qui avait refusé l'autorisation de licencier pour motif économique M. A...E..., un salarié protégé. Après divers recours administratifs, le tribunal administratif de Lille a rejeté sa demande d'annulation par un jugement du 1er juillet 2015. Cet arrêt a été confirmé par la cour administrative d'appel de Douai le 15 mars 2017, mais annulé par le Conseil d'Etat le 28 mars 2018, qui a renvoyé l'affaire à la cour. La cour a finalement rejeté la requête de Me D..., considérant que celle-ci était tardive et donc irrecevable.
Arguments pertinents
1. Impossibilité de contester indéfiniment une décision administrative : La cour souligne que le principe de sécurité juridique empêche de remettre en question une décision administrative sans condition de délai. La décision attaquée ne peut pas être contestée indéfiniment ; des délais raisonnables doivent être respectés.
> "En une telle hypothèse ... le destinataire de la décision ne peut exercer de recours juridictionnel au-delà d'un délai raisonnable."
2. Connaissance de la décision par le requérant : Il a été établi que Me D... avait été informé de la décision du ministre au moyen d’une lettre datée du 30 janvier 2012, ce qui signifie qu’il avait connaissance de la décision plus d’un an avant d’introduire son recours.
> "Il ressort des pièces du dossier que Me D... a été destinataire d'une lettre ... l'informant de la décision du 2 décembre 2011."
3. Irrecevabilité du recours : La cour conclut que la demande de Me D... était tardive, ayant été faite 15 mois après qu’il a eu connaissance de la décision contestée, sans circonstances particulières justifiant ce retard.
> "La demande de Me D...tendant à l'annulation ... n'a été introduite que le 7 mai 2013 ..."
Interprétations et citations légales
1. Article R. 421-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que le recours doit être formé dans les deux mois suivant la notification de la décision. L’absence de notification adéquate ne suspend pas nécessairement ce délai indéfiniment.
> "Sauf en matière de travaux publics, la juridiction ne peut être saisie que par voie de recours formé contre une décision, et ce, dans les deux mois à partir de la notification ou de la publication de la décision attaquée."
2. Principe de sécurité juridique : La jurisprudence insiste sur le fait que les décisions administratives doivent être contestées dans un délai raisonnable, même en cas de non-notification ou de notification insuffisante.
> "Le principe de sécurité juridique ... fait obstacle à ce que puisse être contestée indéfiniment une décision administrative individuelle."
3. Conditions de recours : La décision de la cour interprète les conditions précises sous lesquelles un recours peut être introduit, particulièrement en ce qui concerne la communication des voies et délais de recours.
> "En règle générale ... ce délai ne saurait dépasser un an à compter de la date à laquelle ... il est établi qu'il en a eu connaissance."
Conclusion
La cour administrative d'appel a rejeté la requête de Me D... pour irrecevabilité, en raison de la tardiveté de son recours dépassant le délai raisonnable imparti après qu'il ait eu connaissance de la décision contestée. Cette affaire souligne l'importance des délais prescrits pour le dépôt des recours en droit administratif et le principe de sécurité juridique qui encadre ces procédures.