Résumé de la décision
La société Aupi a demandé l'autorisation de licencier M. F... A... E..., un salarié protégé, pour motif disciplinaire, en invoquant son comportement jugé déplacé envers plusieurs collègues. Suite à une enquête, l'inspecteur du travail a refusé cette demande par une décision du 11 avril 2017, considérant que les faits reprochés n'étaient pas clairement établis. La société Aupi a contesté ce refus devant le tribunal administratif, qui a également rejeté sa demande par un jugement du 1er février 2019. La société Aupi a ensuite interjeté appel de ce jugement, mais la cour a confirmé la décision, considérant que l'inspecteur avait mené une enquête contradictoire et que les faits reprochés n'étaient pas d'une gravité suffisante pour justifier le licenciement.
Arguments pertinents
1. Respect du caractère contradictoire de l’enquête : La cour a jugé que l'inspecteur du travail a respecté le caractère contradictoire de l'enquête comme l'impose les articles R. 2421-4 et R. 2421-11 du code du travail. Cela se traduit par le fait que la société Aupi et M. A... E... avaient accès aux éléments d’enquête pertinents, malgré l'absence de compte-rendu détaillé. La cour a affirmé que « la société Aupi n'est pas fondée à soutenir que l'inspecteur du travail aurait méconnu le caractère contradictoire de son enquête ».
2. Matérialité des faits : La cour a corroboré la décision de l'inspecteur du travail selon laquelle la matérialité des faits reprochés n'était pas clairement établie. Les attestations produites étaient considérées comme peu circonstanciées et reposaient sur des incidents isolés. A cet égard, la cour a noté que « la matérialité des faits qui étaient reprochés à ce salarié n'était pas, au regard des cinq attestations produites […] clairement établie ».
3. Gravité suffisante pour justifier le licenciement : La société Aupi a été considérée comme non fondée à affirmer que l'inspecteur avait dénaturé les éléments évalués. La cour a établi que l'inspecteur devait examiner si les faits présumés étaient suffisamment graves pour justifier un licenciement, et que cette investigation se faisait au contrôle du juge de l'excès de pouvoir.
Interprétations et citations légales
1. Enquête contradictoire : La nécessité pour l'inspecteur du travail de mener une enquête contradictoire est explicitement énoncée dans le Code du travail - Articles R. 2421-4 et R. 2421-11, indiquant que l'inspecteur doit permettre à l'employeur et au salarié de prendre connaissance des éléments déterminants. Cela souligne l'importance de garantir un processus équitable pour les parties lors d'une demande de licenciement.
2. Protection des salariés élus : L'interdiction de licencier un salarié protégé sans autorisation est fondée sur le principe que leur protection est dans l'intérêt de tous les travailleurs. Conformément au Code du travail, il est stipulé que « le licenciement des salariés légalement investis de fonctions représentatives [...] ne peut intervenir que sur autorisation de l'inspecteur du travail ». La cour a confirmé que l'inspecteur doit vérifier si les faits reprochés justifient un licenciement au regard des normes applicables.
3. Évaluation des faits : Les décisions concernant le licenciement doivent être basées sur l'évaluation rigoureuse des faits. La cour a mentionné que l'inspecteur du travail avait raison de conclure que les éléments fournis par la société Aupi ne constituaient pas une preuve suffisante des comportements indésirables de M. A... E..., illustrant ainsi que “la société Aupi n'est pas fondée à soutenir que l'inspecteur du travail aurait dénaturé le contenu des attestations qu'elle a produites”.
En conclusion, la décision de la cour souligne l’importance d’un processus d’enquête équitable, ainsi que la protection des droits des salariés investis de fonctions représentatives, en maintenant une position de précaution face aux demandes de licenciements pour motifs disciplinaires.