Résumé de la décision
La cour administrative d'appel a rejeté la requête du préfet du Pas-de-Calais visant à annuler un jugement du tribunal administratif de Lille, qui avait annulé l'arrêté de maintien en rétention administrative de M. A..., un ressortissant vietnamien. Ce dernier avait déposé une demande d'asile alors qu'il était en rétention. La cour a conclu que l'arrêté de maintien en rétention avait été pris avant l'enregistrement de la demande d'asile, ce qui était légalement irrégulier.
Arguments pertinents
1. Non-conformité temporelle de l'arrêté : Le préfet ne pouvait pas maintenir en rétention M. A... tant que sa demande d'asile n'avait pas été enregistrée. Il est précisé que, conformément à l'article L. 556-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, le maintien en rétention ne peut être décidé que si la demande d'asile a été enregistrée.
> "la décision de maintien en rétention administrative ne saurait être prise par le préfet avant même que la demande d'asile n'ait été enregistrée."
2. Expiration du délai de cinq jours : Bien que le délai de cinq jours prévu pour le dépôt d'une demande d'asile ait été expiré, cela n’affectait pas la légalité de la décision de maintien en rétention. La loi permet à un étranger de déposer une demande d'asile même après que le délai ait expiré s'il invoque des faits nouveaux.
> "cette circonstance ne saurait légalement permettre au préfet de prendre une décision de maintien en rétention administrative avant que la demande d'asile de l'étranger n'ait été enregistrée."
3. Irrecevabilité de la demande postérieure à l'arrêté : La décision d’irrecevabilité prise par l'Office français de protection des réfugiés, après la décision de maintien en rétention, ne pouvait pas influer sur la légalité de l'arrêté à la date de son édiction.
> "la circonstance que, postérieurement à la décision attaquée, l'Office français de protection des réfugiés ait déclaré irrecevable la demande d'asile de M. A... est sans incidence sur l'appréciation de la légalité de l'arrêté du 17 novembre 2017."
Interprétations et citations légales
1. Conditions de maintien en rétention : L'interprétation et l'application de l'article L. 556-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile est cruciale pour déterminer la légalité de l'arrêté de maintien en rétention. La cour a clarifié que le préfet doit évaluer le caractère dilatoire de la demande d'asile après son enregistrement, et non avant.
> Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 556-1 : "Lorsqu'un étranger placé en rétention [...] présente une demande d'asile, l'autorité administrative peut, [...] que cette demande est présentée dans le seul but de faire échec à l'exécution de la mesure d'éloignement."
2. Droit lors de la rétention : L'article L. 551-3 précise que des droits doivent être notifiés aux étrangers en rétention, et que cette notification est essentielle avant d'examiner la recevabilité des demandes d'asile.
> Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 551-3 : "A son arrivée au centre de rétention, l'étranger reçoit notification des droits qu'il est susceptible d'exercer en matière de demande d'asile."
3. Effets de la déclaration d'irrecevabilité : L'interprétation de l'article L. 553-1 qui traite de l'enregistrement des demandes est pertinente pour contextualiser la notion d'irrecevabilité et son lien avec le maintien en rétention.
> Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article R. 556-5 : "L'autorité dépositaire de la demande en informe sans délai le préfet qui a ordonné le placement en rétention afin que celui-ci statue sur le maintien en rétention [...]"
En conclusion, la décision souligne l'importance de suivre scrupuleusement les procédures légales lors de la rétention d'un étranger, notamment en ce qui concerne le traitement des demandes d'asile et le respect des droits des individus en rétention.