Résumé de la décision
Dans un jugement rendu le 2 juillet 2019, la Cour administrative d'appel de Lyon a rejeté la requête de Mme C... et de M. D..., ressortissants du Bangladesh, contestation des arrêtés du préfet de la Savoie du 24 juillet 2018 qui leur faisaient obligation de quitter le territoire français, fixaient leur pays de renvoi et leur imposaient une interdiction de retour d'un an. Les requérants soutenaient que ces décisions étaient insuffisamment motivées, entachées d'erreur manifeste d'appréciation et violaient leurs droits au titre de diverses conventions internationales et des articles du Code de l'entrée et du séjour des étrangers.
Arguments pertinents
La cour a basé son rejet sur plusieurs arguments juridiques clés, notamment :
1. Motivation des décisions : La cour a affirmé que les décisions du préfet n'étaient pas tenues de faire état de tous les éléments de la situation personnelle ou familiale des intéressés, rejetant ainsi le moyen tiré du défaut de motivation. Elle a précisé que les motifs de la décision étaient suffisants au regard de la réglementation en vigueur.
Citation pertinente : "Tandis que les décisions en litige n'ont pas à faire état de tous les éléments de la situation personnelle ou familiale des intéressés, il y a lieu d'écarter ces moyens par adoption des motifs circonstanciés retenus par le premier juge."
2. Interdiction de retour : La cour a également estimé que l'illégalité présumée de la mesure d’éloignement ne pouvait pas entacher la validité de l'interdiction de retour, soulignant que les requérants n'avaient pas établi que cette interdiction portait atteinte de manière disproportionnée à leur droit à la vie privée et familiale.
Citation pertinente : "Les circonstances dont les requérants font état... ne suffisent pas pour considérer que l'interdiction de retour d'un an qu'ils contestent n'est pas justifiée légalement."
Interprétations et citations légales
La décision de la cour a été fondée sur une interprétation rigoureuse des lois et conventions internationales en matière d'immigration et de droits humains :
1. Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 511-4 : Cet article encadre les conditions dans lesquelles un étranger peut être soumis à une obligation de quitter le territoire. La cour a jugé que l'application de cet article par le préfet était conforme à la loi.
2. Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme - Article 3 : Bien que les requérants aient soutenu que leur expulsion violait cet article, la cour a conclu que les éléments fournis ne démontraient pas une violation manifeste des droits garantis par cette convention.
3. Convention internationale relative aux droits de l'enfant - Article 3.1 : La cour a examiné les implications pour l'enfant, mais a considéré que la simple mention de la situation familiale ne suffisait pas à renverser la décision du préfet concernant l'éloignement.
Citation pertinente : "Les mesures ont été prises en tenant compte des besoins de l'enfant, mais elles ne constituent pas une atteinte disproportionnée à leur vie familiale."
En somme, la décision met en évidence la stricte application des règles d'immigration face à des arguments sur la vie familiale et des droits de l’enfant, soulignant la prééminence de l'ordre public et les prérogatives de l'administration dans les décisions d'éloignement liées à l'immigration.