Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel a statué sur la requête du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions (FGTI) afin d'annuler une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Montpellier qui avait refusé d'étendre une expertise médicale à l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux et des infections nosocomiales (ONIAM). Le juge des référés avait justifié ce refus en arguant que l'ONIAM ne pouvait pas être considéré comme responsable des dommages subis par M. E... En conséquence, la Cour a décidé d'étendre l'expertise à l'ONIAM, estimant qu'il était utile pour le respect du caractère contradictoire de la procédure et que la question de la responsabilité devait être examinée au fond.
Arguments pertinents
1. Souscription du FGTI à des droits de recours : Le FGTI se prévaut de l'article 706-11 du code de procédure pénale pour soutenir qu'il est subrogé dans les droits de la victime pour obtenir des remboursements des personnes responsables du dommage. Il souligne l'importance d'inclure l'ONIAM dans l'expertise en raison de la possibilité que l'accident médical soit à l'origine du dommage.
2. Position de l'ONIAM : L'ONIAM soutient qu'il indemnise uniquement en tant que garant de la solidarité nationale et non en qualité d'auteur responsable, arguant par conséquent qu'il ne devrait pas être impliqué dans l'expertise d'une responsabilité éventuelle.
3. Décision du juge des référés : La décision du juge des référés a été contestée au motif qu'il a jugé, à tort selon la Cour d'appel, que l'ONIAM ne pouvait pas être considéré comme participant à la responsabilité du dommage, une question qui devrait être examinée de manière approfondie par les juges du fond.
Interprétations et citations légales
1. Sur le recours subrogatoire : L'article 706-11 du Code de procédure pénale stipule que "le FGTI est subrogé dans les droits de la victime pour obtenir des personnes responsables du dommage..." Cela sous-entend que le FGTI a des droits de recours contre toute personne qui pourrait être jugée fautive dans la survenance du dommage.
2. Sur la légitimité de l'expertise : La Cour a fait référence à l'article R. 532-1 du Code de justice administrative qui permet au juge des référés de "prescrire toute mesure utile d'expertise". La nécessité d'étendre l'expertise à l'ONIAM a été justifiée pour garantir le respect du caractère contradictoire de la procédure, en indiquant que l'absence de jurisprudence sur le sujet ne justifiait pas l'exclusion de l'ONIAM à ce stade.
3. Sur la solidarité nationale vs. responsabilité : L'ONIAM a fait valoir qu'il indemnise en tant que garant de la solidarité nationale et qu'il n'est pas lui-même responsable. Cependant, la Cour a indiqué que la question de la responsabilité doit être examinée en profondeur lors des procédures au fond, d'où la nécessité d'inclure l'ONIAM dans l'expertise.
En somme, la décision s'inscrit dans une recherche de respect des droits procéduraux et de l'équité, en intégrant une entité qui pourrait avoir un rôle dans l'évaluation des faits et dans la détermination de la responsabilité pour un dommage éventuel.