Résumé de la décision
M. B..., assigné par son avocat, a demandé au juge des référés du tribunal administratif de Marseille de prescrire une expertise médicale pour évaluer les préjudices résultant d'agressions physiques qu'il soutient avoir subies de la part de surveillants pénitentiaires entre janvier et mars 2020. Par ordonnance du 27 octobre 2020, sa demande a été rejetée au motif qu'une telle expertise ne présentait pas d'utilité en l'état des faits, notamment parce que les allégations de M. B... nécessitaient une reconnaissance pénale préalable avant qu'une action en responsabilité de l'État puisse être envisagée. Le 19 janvier 2021, la cour a confirmé cette décision en rejetant la requête de M. B....
Arguments pertinents
La décision repose sur plusieurs arguments clés :
1. Caractère d'utilité de l'expertise : Le juge des référés a conclu que la demande d'expertise ne présentait pas d'utilité dans la mesure où les allégations de M. B... impliquent des faits constitutifs de délits ou crimes, qui devraient être établis pénalement pour que la responsabilité de l'État puisse être engagée. La cour a affirmé : « ...ne saurait présenter, en l'état de l'instruction, un caractère d'utilité, au sens des dispositions de cet article. »
2. Distinction entre responsabilité personnelle et responsabilité de l'État : La décision souligne que les faits rapportés, en raison de leur gravité, pourraient être considérés comme des fautes personnelles, détachables du service, ce qui compliquerait leur imputation à l'État sans préalables pénaux : « ...une telle action ne pourrait être introduite que dès lors que ces faits auraient été pénalement établis. »
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, les textes de loi appliqués sont interprétés dans un cadre strict qui respecte la séparation des compétences entre la juridiction pénale et administrative.
1. Code de justice administrative - Article R. 532-1 : Cet article stipule que le juge des référés peut prescrire des mesures utiles « sur simple requête », mais dans cette circonstance, la cour a jugé que l'expertise demandée ne satisfaisait pas aux critères d'utilité en raison de l'absence d'établissement préalable des faits pénalement.
2. Code de procédure pénale - Article 85 : M. B... n'a pas constitué partie civile, ce qui aurait pu lui permettre d'engager une action contre l'État. L'absence de plainte ou d'enquête préliminaire fait obstacle à la reconnaissance de son prétendu préjudice, renforçant l'idée que sans fondement pénal, il n'est pas possible d'envisager une responsabilité de l'État.
La cour précise dans son raisonnement que « ...les faits dénoncés (...) devraient nécessairement, s'ils étaient établis, être regardés, eu égard à leur particulière gravité, comme des fautes personnelles détachables du service », ce qui clarifie le cadre légal dans lequel s'inscrit la responsabilité administrative par rapport à la responsabilité personnelle des agents de l'État.