Résumé de la décision :
Dans cette affaire, Mme E..., ressortissante algérienne, conteste l'arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône du 7 mai 2018, qui refuse de renouveler son certificat de résidence et lui demande de quitter le territoire français. Le tribunal administratif de Marseille a rejeté sa demande d'annulation. En appel, la cour a annulé cet arrêté, considérant que la décision du préfet constituait une atteinte disproportionnée au respect de la vie privée et familiale de Mme E..., étant donné son âge, son état de santé, ses liens familiaux en France, et la durée de son séjour sur le territoire. En conséquence, la cour enjoint au préfet de délivrer à Mme E... un certificat de résidence.
Arguments pertinents :
1. Inadéquation du renouvellement de titre de séjour : La cour a établi que le préfet a méconnu les conséquences de son refus sur la vie privée et familiale de Mme E..., notamment en ne prenant pas suffisamment en compte son âge (80 ans) et son état de santé.
- Citation: "Mme E... est fondée à soutenir que le préfet des Bouches-du-Rhône a porté, en refusant de renouveler le certificat de résidence qui lui avait été délivré, une atteinte disproportionnée à son droit au respect de sa vie privée et familiale..."
2. Proportionnalité de l'ingérence: La cour a également rappelé que l'ingérence dans le droit au respect de la vie privée doit être justifiée par une nécessité légale et proportionnelle aux objectifs visés.
- Citation: "Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale [...] Il ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire [...]" (Convention européenne des droits de l’homme - Article 8).
3. Lien étroit avec le territoire français : Le lien familial de Mme E... en France, notamment la prise en charge par son enfant français, a été un facteur déterminant dans l'évaluation de sa situation.
- Citation: "Il ressort [...] que l'un de ses enfants l'héberge à son domicile et la prend effectivement en charge."
Interprétations et citations légales :
1. Interprétation de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme : La cour a interprété cet article pour établir que des décisions administratives peuvent constituer une ingérence disproportionnée dans la vie privée et familiale d'un individu s'elles ne prennent pas en compte les circonstances personnelles de celui-ci. Ici, la cour estime que le préfet n'a pas réussi à justifier l'atteinte à ces droits.
2. Application de l'accord franco-algérien : La cour a discuté les dispositions du 7° de l'article 6 de l'accord qui traitent des conditions de séjour des ressortissants algériens, en établissant que la situation de santé particulière de Mme E... et ses attaches familiales en France ne justifiaient pas le refus de renouvellement de son titre de séjour.
- Citation: "Les stipulations du 7° de l'article 6 de l'accord franco-algérien ne justifiaient pas le renouvellement de son titre de séjour."
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Enfin, la cour a souligné que Mme E..., n'ayant pas bénéficié de l'aide juridictionnelle, ne pouvait demander le remboursement de ses frais d’avocat.
- Citation: "Mme E... n'a pas obtenu le bénéfice de l'aide juridictionnelle. Par suite, son conseil ne peut se prévaloir des dispositions des articles L. 761-1 du code de justice administrative [...]".
Ainsi, la décision de la cour s'appuie sur une analyse approfondie des droits individuels garantis par la législation nationale et internationale, tout en tenant compte des réalités humaines et sociétales propres à la requérante.