Résumé de la décision
Mme A... B..., ressortissante comorienne, a déposé une requête devant la Cour d'appel pour contester un jugement du tribunal administratif de Marseille qui avait rejeté sa demande d'annulation d'un arrêté préfectoral. Cet arrêté, daté du 31 janvier 2019, refusait de lui délivrer un titre de séjour et l'obligeait à quitter le territoire français. La Cour a confirmé le jugement du tribunal administratif, estimant que la décision préfectorale ne méconnaissait ni les droits de Mme A... B... liés à sa situation de santé ni les dispositions relatives à sa vie privée, et qu'elle ne contenait pas d'erreur manifeste d'appréciation.
Arguments pertinents
1. Refus de titre de séjour et état de santé : La cour a jugé que les certificats médicaux fournis par Mme A... B... ne suffisaient pas à infirmer l'avis émis par le collège de médecins de l'OFII, qui estimait que son état de santé pouvait être pris en charge dans son pays d'origine. La Cour a énoncé que "le défaut de prise en charge de l'état de santé de la requérante n'est pas susceptible d'entraîner des conséquences d'une exceptionnelle gravité".
2. Vie privée et familiale : La présence en France du frère de Mme A... B... ne justifiait pas son droit au séjour. La Cour a affirmé que "le préfet des Bouches-du-Rhône n'a pas porté au droit de Mme A... B... au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée aux buts en vue desquels il a pris la décision contestée", respectant ainsi les stipulations de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.
3. Carence d'insertion socioprofessionnelle : La Cour a noté que Mme A... B... ne justifiait d'aucune insertion socioprofessionnelle en France et était dépourvue d'attaches familiales dans son pays d'origine, ce qui a renforcé la légitimité de la décision préfectorale.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 313-11 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : L’intérêt de cet article réside dans les conditions d’octroi des titres de séjour pour raisons médicales. La Cour a précisé que le refus d’un titre de séjour ne constituait pas une méconnaissance de cette disposition, au motif que "le défaut de prise en charge de l'état de santé de la requérante n'est pas susceptible d'entraîner des conséquences d'une exceptionnelle gravité".
2. Article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme : En ce qui concerne le respect de la vie privée et familiale, la Cour a soutenu que "le préfet n'a pas porté au droit de Mme A... B... au respect de sa vie privée et familiale une atteinte disproportionnée". Cette interprétation souligne la nécessité d’un équilibre entre les intérêts de l'État en matière de contrôle des frontières et les droits des individus.
3. Article L. 511-4 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Les conséquences d'une décision portant obligation de quitter le territoire ont été examinées. La Cour a conclu que la requérante n’était pas fondée à soutenir que cette décision méconnaissait les dispositions de cet article, illustrant ainsi une application stricte de la norme légale.
La décision illustre la complexité des interactions entre la législation française relative aux étrangers et les normes européennes en matière de droits de l’homme, posant la question de la pertinence et de la proportionnalité des mesures d’éloignement dans des cas particuliers.