Résumé de la décision
Mme A... a formé un recours en appel contre un jugement du tribunal administratif de Marseille qui avait rejeté sa demande d'annulation d'un arrêté préfectoral du 12 novembre 2015. Ce dernier refusait de lui accorder un titre de séjour en raison de sa situation migratoire. La Cour administrative d'appel de Marseille a confirmé le jugement de première instance, estimant que le préfet n'avait pas méconnu les dispositions légales et les droits de Mme A... au regard de sa vie privée et familiale. En conséquence, sa demande d’injonction et ses demandes d’indemnisation ont également été rejetées.
Arguments pertinents
1. Absence de droit au séjour : La Cour rappelle que la seule durée de présence en France ne confère pas nécessairement un droit au séjour. Bien que Mme A... ait établi qu'elle est présente en France depuis 2001, elle « ne produit […] aucun élément permettant d'établir son intégration à la société française ».
2. Précédents refus de séjour : La Cour souligne qu'en raison de deux précédents refus de séjour, confirmés par les jugements du 26 janvier 2012 et du 30 janvier 2014, le maintien de Mme A... en France était en mépris de ces décisions. Cela affaiblit sa demande, car elle « se maintient en France depuis 2011 au mépris de deux décisions d'éloignement ».
3. Liens familiaux : Bien que Mme A... invoque des liens familiaux en France (sa fille, ses sœurs et sa petite-fille), la Cour conclut que ceux-ci sont insuffisants pour justifier un titre de séjour, surtout en tenant compte de ses « liens dans son pays d'origine », où vivent plusieurs de ses enfants.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 313-11 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : Cet article stipule que la carte de séjour temporaire est délivrée de plein droit aux étrangers dont les liens personnels et familiaux en France sont tels que le refus de séjour porterait une atteinte disproportionnée à leur vie privée. La Cour interprète que la présence prolongée en France ne suffit pas à établir ces conditions, affirmant que « la seule durée de présence en France d'un étranger ne suffit pas à lui conférer un droit au séjour ».
2. Article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme : La Cour évalue les atteintes potentielles aux droits d'une personne, en se référant à l'article 8, qui protège le droit au respect de la vie privée et familiale. Elle conclut que le préfet n’a pas méconnu cette disposition car « le refus d'autoriser son séjour [n'a] pas porté atteinte à la vie privée et familiale de Mme A... ».
3. Évaluation de l'insertion dans la société française : La Cour relève que l’intégration dans la société française doit être analysée au regard de plusieurs critères, en l’occurrence « la connaissance des valeurs de la République ». Cette exigence implique que la seule durée de résidence n'est pas un critère suffisant pour bénéficier des droits liés à une carte de séjour.
Conclusion
La décision de la Cour administrative d’appel de Marseille met en lumière les exigences strictes en matière de droit au séjour pour les étrangers en France, en insistant sur la nécessité d'une intégration tangible dans la société française et sur le caractère insuffisant des liens familiaux pour justifier un titre de séjour. La décision entérine ainsi le principe selon lequel les droits liés à la vie privée et familiale doivent être proportionnels et fondés sur des éléments concrets d'intégration, dépassant la simple présence sur le territoire.