Résumé de la décision
M. et Mme B... ont interjeté appel d'un jugement du tribunal administratif de Nîmes qui avait rejeté leur demande de décharge des cotisations supplémentaires d'impôt sur le revenu et de contributions sociales pour l'année 2006, ainsi que des pénalités associées, après un contrôle sur pièces. Dans sa décision, la cour a confirmé la légalité des impositions et des pénalités infligées, rejetant notamment les arguments des requérants concernant la régularité de la procédure d'imposition et la prescription des pénalités pour abus de droit.
Arguments pertinents
1. Sur la régularité de la procédure d'imposition :
La cour a conclu qu'aucune obligation légale n’impose à l’administration d'informer le contribuable de la possibilité de soumettre le litige à l'avis du comité consultatif de l'abus de droit fiscal après une rectification notifiée sur le fondement de l'article L. 64. Elle a également écarté le moyen tiré de l'instruction administrative du 14 juin 1988, considérant que les requérants ne pouvaient pas revendiquer une garantie liée à cette information.
2. Sur la prescription des pénalités pour abus de droit :
L'article 1729 du Code général des impôts (CGI) prévoit que les inexactitudes dans les déclarations peuvent entraîner une majoration de 80 % pour abus de droit, et l'article L. 189 du livre des procédures fiscales (LPF) indique que la prescription des sanctions fiscales est interrompue par la proposition de rectification. La cour a jugé qu’une proposition de rectification antérieure interrompait la prescription, même si elle avait ensuite été annulée, rendant ainsi non fondée la requête des contribuables sur ce point.
Interprétations et citations légales
La décision aborde plusieurs articles de loi cruciaux :
- Livre des procédures fiscales - Article L. 64 : "Afin d'en restituer le véritable caractère, l'administration est en droit d'écarter, comme ne lui étant pas opposables, les actes constitutifs d'un abus de droit." Cet article confère à l'administration un pouvoir d'appréciation sur la validité des actes susceptibles d'être qualifiés d’abus de droit, ce qui a été central dans l'analyse des rectifications imposées.
- Livre des procédures fiscales - Article R. 64-2 : Il stipule que le contribuable a 30 jours pour demander l'avis du comité consultatif de l'abus de droit. La cour a noté qu'aucune obligation de notification ne pèse sur l'administration dans ce cadre.
- Code général des impôts - Article 1729 : Ce texte précise les majorations en cas d'abus de droit, indiquant que "les inexactitudes ou omissions" peuvent entraîner des pénalités à hauteur de 80 %.
- Livre des procédures fiscales - Article L. 189 : "La prescription des sanctions fiscales est interrompue par la mention portée sur la proposition de rectification qu'elles pourront être éventuellement appliquées." La cour a appliqué cette disposition pour établir que la première proposition de rectification avait légalement interrompu la prescription des pénalités, indépendamment de son annulation ultérieure.
En conclusion, cette décision illustre l’interprétation rigoureuse des textes fiscaux par la cour, mettant en avant l’importance de la procédure d’imposition et les droits des contribuables face aux décisions de l’administration fiscale. Les requérants n'ayant pas réussi à démontrer la légitimité de leur demande, la cour a rejeté leur appel.