Résumé de la décision
Le tribunal administratif de Toulon a annulé les délibérations n° 211 à 246 du conseil municipal de Sanary-sur-Mer prises le 17 décembre 2014, à la demande de Mme F... et M. A..., conseillers municipaux. Ces derniers avaient contesté l'adoption des délibérations sur le fondement d'une atteinte à leurs prérogatives d'élus lors de la séance. La Cour a rejeté la requête de la commune d'appel, confirmant que l'expulsion des deux conseillers et la restriction de leur droit à la parole avaient compromis le bon déroulement et la régularité de la séance.
Arguments pertinents
1. Intérêt à agir des requérants : Mme F... et M. A... ont démontré qu'ils avaient un intérêt à agir contre les délibérations contestées en raison des atteintes à leurs prérogatives électives, même si certaines délibérations avaient été votées avec leur accord. Le tribunal a considéré que la situation exceptionnelles dans laquelle ils se trouvaient justifiait leur recours.
> "Ils justifient ainsi, en leur qualité de conseillers municipaux, d'un intérêt à agir contre ces délibérations, alors même que certaines de ces délibérations auraient été adoptées avec leur accord."
2. Pouvoirs et limites du maire : Le juge a précisé que les pouvoirs du maire en matière de police de l'assemblée sont encadrés par la loi. Le maire ne peut expulsé un conseiller municipal que dans des circonstances gravissimes, après avoir tenté d'autres mesures moins sévères.
> "Une telle mesure ne pouvant toutefois être prise que dans des circonstances particulièrement graves, sous peine de méconnaître le droit d'expression des élus."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 2121-16 du Code général des collectivités territoriales : Cet article est capital car il précise les compétences du maire concernant la police de l'assemblée. Il stipule que le maire peut expulser "tout individu qui trouble l'ordre", mais cette mesure doit rester exceptionnelle.
> "Le maire a seul la police de l'assemblée. Il peut faire expulser de l'auditoire ou arrêter tout individu qui trouble l'ordre."
2. Conséquences de l'atteinte aux prérogatives d'élu : L'atteinte aux droits des conseillers a été qualifiée d'illégale affectant la validité des délibérations. Le jugement met en avant que malgré le fait que les conseillers avaient été comptabilisés dans le vote, les interruptions portaient atteinte à leurs droits d'expression.
> "Cette atteinte à leurs prérogatives, qui méconnait une garantie dont ils doivent bénéficier, entache d'illégalité les délibérations attaquées."
En somme, la décision confirme que les élus doivent bénéficier d’un cadre de protection qui leur permet d’exercer librement leurs fonctions et prérogatives, et que toute action les privant de cette liberté doit être justifiée et limitée, respectant les principes de bonne administration publique.