Résumé de la décision
Dans une affaire enregistrée le 13 septembre 2016, le préfet des Bouches-du-Rhône a demandé à la Cour de surseoir à l'exécution d'un jugement du tribunal administratif de Marseille rendu le 10 août 2016, qui avait annulé le placement de M. Bensakhria en rétention administrative. Le tribunal avait jugé que la décision préfectorale était entachée d'une erreur de droit, notamment car elle ne tenait pas compte de la situation familiale de M. Bensakhria. La Cour a finalement décidé, par un arrêt rendu le 8 décembre 2016, qu'il y avait lieu de surseoir à l'exécution du jugement du tribunal administratif jusqu'à ce qu'elle statue sur la requête d'appel du préfet.
Arguments pertinents
1. Sur le respect des droits familiaux : La Cour retient que le préfet a effectivement pris en compte la situation familiale de M. Bensakhria en considérant qu'il est le père d'un enfant, ce qui pourrait justifier un traitement différent que la rétention administrative. La décision préc précise que "le moyen tiré de ce que le préfet a bien pris en compte la situation familiale de M. Bensakhria semble, en l'état de l'instruction, de nature à justifier... le rejet des conclusions à fin d'annulation qu'il a accueillies".
2. Sur l'absence de menace à l’ordre public : Bien que M. Bensakhria souligne qu’il ne constitue pas une menace pour l’ordre public et qu’il a des liens familiaux en France, la Cour souligne que ces arguments, en l'état des éléments présentés, ne suffisent pas à infirmer le placement en rétention.
Interprétations et citations légales
1. Article R. 811-15 du Code de justice administrative : Cet article stipule que la juridiction d'appel peut ordonner qu'il soit sursis à l'exécution d'un jugement annulant une décision administrative si "les moyens invoqués par l'appelant paraissent, en l'état de l'instruction, sérieux et de nature à justifier, outre l'annulation ou la réformation du jugement attaqué, le rejet des conclusions à fin d'annulation accueillies par ce jugement". La Cour s'est fondée sur cet article pour motiver sa décision de surseoir à l'exécution du jugement de première instance.
2. Directive n° 2008/115/CE : Bien que non directement citée dans la décision, cette directive européenne encadre le retour des ressortissants étrangers en séjour irrégulier et pourrait être interprétée comme un cadre juridique renforçant la nécessité de considérer les situations familiales dans les décisions de rétention administrative.
En résumé, la décision de la Cour se fonde sur la reconnaissance de l'importance de tenir compte de la situation familiale dans les décisions administratives, tout en affirmant que cela doit être évalué dans le contexte plus large de l'exécution de mesures d'expulsion.