Résumé de la décision
La Cour a été saisie par M. F... E... et M. C... E... qui contestaient une délibération du conseil municipal de Rimeize datée du 21 février 2013, autorisant la vente d'une partie d'un chemin rural au profit de Mme G.... Le tribunal administratif de Nîmes avait rejeté leur demande d'annulation de cette délibération. La Cour, statuant sur l’appel, a annulé à la fois le jugement du tribunal administratif et la délibération du conseil municipal, concluant que le chemin en question n’avait pas cessé d’être affecté à l’usage du public et que la procédure de vente était entachée d’irrégularités.
Arguments pertinents
1. Insuffisance de motivation de la délibération: La délibération contestée du 21 février 2013 a été jugée insuffisamment motivée, ne respectant pas les exigences du Code rural. En effet, le conseil municipal n’a pas constaté la désaffectation du chemin comme requis par la loi, entraînant un vice de procédure.
2. Caractère impraticable du chemin: La délibération a été qualifiée d'entachée d'erreur manifeste d'appréciation, car le chemin est toujours considéré comme affecté à l'usage public malgré son impraticabilité, attribut qui découle de l'absence d'entretien de la part de la commune et des actions d’un tiers. La Cour rappelle que c’est à la commune qu’incombe de maintenir le chemin praticable, conformément aux dispositions des articles L. 161-5 et D. 161-11 du Code rural.
3. Non-considération des obstacles à la circulation: En se basant sur l’historique des faits attestant que le chemin avait cessé d’être utilisé comme voie de passage à cause de la création d’obstacles (puis de la végétation et d’une cassure de terrain), la Cour souligne que la responsabilité de la commune était de remédier à ces situations en vertu de ses obligations légales.
Interprétations et citations légales
1. Code rural et de la pêche maritime - Article L. 161-2: Le texte stipule que l'affectation d'un chemin rural à l'usage du public est présumée par son utilisation. Ce fondement rappelle que la continuité de l’usage public est une condition essentielle pour justifier le maintien de l'affectation.
2. Code rural et de la pêche maritime - Article L. 161-5: Cet article restreint la surveillance et la conservation des chemins ruraux à l'autorité municipale, instaurant une obligation de maintenance. Ce cadre légal impose au maire des responsabilités en ce qui concerne l'entretien et la protection des chemins ruraux.
3. Code rural et de la pêche maritime - Article L. 161-10: Prescrit la procédure de désaffectation d’un chemin rural, conditionnant la vente à une enquête et le constat de la cessation d’affectation. L’absence de cette procédure a été un facteur clé dans l'annulation de la délibération.
4. Code rural et de la pêche maritime - Article D. 161-11: Cet article impose que le maire prenne des mesures urgentes en cas d’obstacle à la circulation sur un chemin rural. La Cour a interprété que la négligence à cet égard de la commune est une référence essentielle sur la question de l'affectation prévue.
En conclusion, la décision de la Cour s'appuie sur des normes juridiques précises concernant l'usage des chemins ruraux et la prérogative de la commune à les maintenir, mettant en lumière les fautes procédurales et d'appréciation qui ont conduit à l'annulation de la délibération contestée.